Voyage sous haute tension dans le Frioul.

Publié le 21 septembre 2012 par Passionacmilan

Suite à une nouvelle déconvenue contre Anderlecht cette semaine, l’AC Milan doit se déplacer à Udine pour affronter enfin une équipe d’un certain calibre. Un déplacement sans aucune certitude tant l’équipe est décevante à chaque rencontre à domicile mais que sa seule référence à l’extérieur est la victoire contre Bologne.  Cette victoire doit cependant être tempérée car nous avions eu droit à un Pazzini plein de réalisme s’illustrant sur des faits de jeu totalement hasardeux pour repartir avec les trois points. San Siro serait-il maudit ? Probablement pas, mais je dirais plutôt qu’il est devenu relativement hostile.

Avant tout, j’aimerais quand même pouvoir évoquer notre adversaire de ce week-end qui mérite d’être présenté : l’Udinese. Ce n’est pas un cador de la Serie A et elle est régulièrement pillée par des clubs aux moyens plus élevés mais avec son entraineur Guidolin, elle prône le beau jeu collectif avec de nombreuses pépites venant des quatre coins du monde (ça plait ou non) et qui vit chaque année avec sérénité. En un mot, cette équipe est ni plus ni moins ce que l’on souhaiterait voir du côté de Milan quand on tient compte des difficultés financières qui touchent le club et l’Italie en général. Aller l’affronter chez elle n’est jamais chose aisée et ce quelque soit le club italien qui frappe à leur porte. Milan ne fait pas exception, encore moins aujourd’hui…

En effet, depuis le spectacle offert par le club en Ligue des Champions, la tension règle à Milanello et c’est la presse qui se donne à coeur joie pour changer. La moindre petite étincelle est bonne pour tenter d’enflammer l’institution rossonera en ce moment. Le groupe et l’entraineur n’ont absolument pas besoin de telles polémiques dans un moment aussi critique. J’aurais pu dire que dans de telles circonstances, les polémiques viennent prendre la place du jeu mais malheureusement cela fait maintenant plusieurs semaines que nous n’avons plus vu un semblant de jeu du côté du Milan AC. D’ailleurs, la soirée de Ligue des Champions fut une sacrée gifle pour la plupart d’entre nous quant au contraste entre nous et le reste de l’Europe. Le Milan est malade, le Milan est en crise !

Malheureusement c’est une réalité et cela ne dupe plus personne. Les écarts se font de plus en plus fréquents, les blocages sont de plus évidents et la fracture entre les différents protagonistes est de plus en plus profonde. Chacun règle ses comptes mais cela dépasse aujourd’hui l’intimité du groupe, du vestiaire et cela se retrouve déballé sur la place publique. Bien évidemment, la personne qui se retrouve aujourd’hui la plus exposée est l’entraineur : Allegri. Si heureusement Milan n’a pas été le premier club à licencier son entraineur cette saison (merci Zamparini au passage pour son incroyable régularité dans le limogeage de coach) on sent de plus en plus de pression sur ses épaules. Les joueurs ne contiennent plus leur frustration comme le montrait Boateng mardi soir qui ne veut toujours pas ouvrir les yeux quant à son incapacité à produire du jeu en tant que meneur traditionnel ou comme Mexès qui, pour son retour à la compétition, répondait aux sifflets des supporters par un geste totalement déplacé et insultant. Allegri semble perdre le contrôle de son groupe (quelque uns pourront me rétorquer : l’a-t-il déjà contrôlé ?) et n’arrive pas à trouver la solution d’un point de vue tactique avec l’effectif qu’il a à disposition. Il exaspère encore et toujours ses plus grands détracteurs mais commence également à faire douter les tifosi qui le soutenait en montrant à raison le peu de moyens à disposition et les circonstances atténuantes comme les blessures. Certains tentent de se rassurer en se disant que l’équipe est en construction et qu’Allegri a toujours connu des départs laborieux mais les difficultés rencontrées actuellement semblent être bien plus en amont avec les dirigeants. Leur politique de réduction drastique des coûts a perturbé l’équilibre du groupe et l’entraineur tente de réparer les pots cassés en se servant de la même recette que précédemment sauf qu’il lui manque certains ingrédients comme Ibra ou Thiago Silva. Difficile dans ce cas de retrouver le même résultat. Mais s’il n’y avait que cela…

Les sénateurs de l’année dernière en profitent également pour en rajouter une couche. La situation délicate du club est parfaite pour montrer à tout le monde qu’ils ne sont plus là. Il faut avouer qu’ils étaient un peu devenu les boucs-émissaires de nombreux problèmes à Milan, parfois à raison. Si les sénateurs nous empêchaient de tourner la page, nous ne pensions pas (Allegri non plus j’imagine) que la prochaine page de l’ère du Milan serait aussi peu glorieuse… Ainsi les anciens peuvent se permettre de montrer qu’Allegri, en se « débarassant » d’eux il à délibérément fait plongé la qualité de ce club. Facile, très facile de leur part quand on sait que le recrutement low-cost imposé par la direction est la conséquence indirecte du maintien de leur salaire faramineux comparé à leur rendement. 3 à 4 millions par an pour une vingtaine de matchs, on a connu mieux niveau rentabilité ! L’expérience est un véritable atout pour un club, quand elle est partagée avec les jeunes pousses arrivées dans le groupe… Pas quand elle est jalousement gardée pour réclamer encore et toujours une place de titulaire.

Ironie du sort, Allegri étant en danger, la presse prend grand soin de lui chercher un successeur. Si personnellement je n’arrive pas encore à trouver satisfaction dans les différents noms évoqués, la presse ne s’embarrasse pas de cela et annonce Tassotti (éternel adjoint au club) ou Inzaghi pour prendre la relève. Il semblerait que cela plaise aux médias de voir du « da Milan » sur le banc à nouveau. Selon moi, ce ne sont que des rumeurs sans réelle consistance actuellement mais c’est tout un symbole que de voir Inzaghi associé à la succession d’un Allegri déjà loin du Milan dans les têtes de certains. En effet, Pippo représente toute cette génération de sénateurs qui prit fin l’année dernière sous l’égide d’Allegri. Car oui, Pippo avait prolongé une saison de plus en espérant pouvoir refouler les terrains après sa grave blessure contre le Real de Madrid mais le double écartement du groupe lors des listes pour la Ligue des Champions l’année dernière eurent raisons de ces derniers espoirs. Il décida néanmoins de rester, de continuer ce calvaire d’attendre sur le banc pour partir sur un but rempli d’émotion. Malheureusement pour lui, il ne trouva pas par la suite un challenge répondant à ses attentes et il décida finalement de raccrocher les crampons pour prendre la direction du secteur jeune au Milan. Mais c’est sans compter sur la cerise sur le gateau de ce tableau romanesque que je viens de vous présenter : l’altercation entre Pippo et Allegri lors d’une visite effectuée aux Avielli ! Et la réconciliation orchestrée dans la foulée par la communication du Milan. Et ça y est, on rajoute de l’huile sur le feu. Moi qui pensait que le débat concernant les dissensions entre tifosi avec les evoluti et non-evoluti (l’article date de 2010, le contexte est quelque peu différent aujourd’hui) faisaient partie du passé… Quel naïf. On est même aujourd’hui dans certains cas dans une grosse caricature d’un Max Allegri responsable de tout les maux et un Pippo Inzaghi qui débarque en chevalier blanc prêt à secourir le Milan qu’il affectionne tant. Et dire que je vous parlais de tourner la page tout à l’heure.

Et le foot dans tout ça ? Il ne semble qu’être secondaire tant la tête d’Allegri semble ne tenir qu’à un fil. 4e journée et déjà plus le droit à l’erreur. Il y a une chose qui en tout cas intéresse tout le monde c’est de savoir ce qui nous attend dimanche après-midi… Avec un Allegri au pied du mur, saura-t-il trouver les mots pour fédérer son équipe et arracher quelque chose ? Osera-t-il faire preuve d’audace avec un nouveau système plus offensif réclamés par les tifosi ? Ce week-end tout tournera autour que d’une seule personne qui semble jouer sa saison sur ce match. Qui plus est contre l’Udinese…

Si je peux lire à certains endroits sur la toile que le remède passe par la défaite (et donc l’éviction d’Allegri même si rien n’est moins sûr), je fais partie de ceux qui sont convaincu que la solution reste la victoire. Qu’importe la manière, la victoire unira les joueurs et cela enverra un signe fort pour le maintien du coach. La manière importe contre Bologne, pas contre Udinese dans un tel contexte. Ce que nous voulons, c’est de l’envie et de l’intensité. Voir une équipe et pas une somme d’individualités sous un même maillot qui semble avoir perdu toute signification pour eux. De plus Milan bénéficie de deux jours de repos supplémentaires et devrait voir le retour de Montolivo. Milan a donc les cartes en main pour décider de la suite de sa saison.

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Article rédigé par La fee clochette
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