Magazine Culture

Le gaspillage alimentaire

Publié le 21 septembre 2012 par Eldon

La crise est là et pour quelque temps. Il est temps de se serrer la ceinture entend-on. Mais la crise est aussi l’occasion  d’une remise en question de nos comportements individuels et d’une quête du sens commun que nous avons perdu.

Ce changement de comportement, s’il est appliqué par tous, aura le mérite surtout de mettre fin à l’un des plus grands scandales de notre civilisation au regard des famines qui ont marqué notre histoire, du nombre de morts de faim dans le monde et de la sous-nutrition dont souffrent bon nombre de nos concitoyens.

Véritable symptôme d’une société perdue dans son insouciance, le gaspillage alimentaire est en effet intolérable.

Dans notre précédent article (Les Terres qu’il nous faudrait), nous avions abordé le fait qu’au rythme de consommation actuel , la Terre ne tiendra plus longtemps.

Les pouvoirs publics s’alarment  pour freiner la croissance démographique mais non seulement ils ne  s’interrogent nullement sur cette problématique du gaspillage alimentaire mais qui plus est ne remettent pas en question l’agriculture intensive et ne parlent que d’augmenter encore les rendements dont les OGM  sont devenus le fleuron. (mais des nuages assombrissent-enfin- les champs d’OGM paraît-il).

Le résultat de ces rendements pharaonesques et de la politique incitative à la surconsommation appuyée par le marketing de la grande distribution aboutit en fait à un gaspillage alimentaire impressionnant.

Le gaspillage alimentaire n’a pas de frontières et existe sur tous les continents.

Il existe au niveau de toute la chaîne alimentaire, du producteur au consommateur, ce gaspillage étant même légalement et économiquement encouragé par les politiques de subventions qui incitent à la destruction de récoltes afin d’éviter la chute des cours.

Remarquez que 30 à 50% des pertes s’opèrent entre le champ et l’assiette. Ou comment faire du rendement intensif pour pouvoir faire du gaspillage intensif. Le circuit de l’agro-alimentaire ne mériterait-il pas d’être repensé avant d’inonder les champs de pesticides, herbicides, OGM? C’est ubuesque. Comme l’affirme Benoît Hartmann, porte-parole France Nature Environnement,  »50% de ce que l’on cultive est jeté dans le monde, cela veut dire, en simplifiant, 50% de l’utilisation des pesticides et de l’irrgation faite en vain, un gaspillage alimentaire qui coûte très cher à l’environnement« . Et aux Hommes. Et aux consommateurs car ces pertes sont bien entendu répercutées sur les 50% commercialisés.

Mais les consommateurs que nous sommes, placés en bas de cette chaîne alimentaire, ne sommes pas exempts de reproches. 

En France, chaque habitant jette vingt kilos d’aliments chaque année, ce qui représente 1.2 million de tonnes de nourriture qui finissent à la benne, dont 7 kilos de produits non déballés et non consommés par personne. D’après une étude réalisée par Verdicité et FNE, nous pouvons estimer que le gaspillage alimentaire représente 10% des déchets ménagers et assimilés. Les foyers jettent, en moyenne, entre 500 et 1500 € par an de nourriture encore consommable.

Paraît-il qu’on est moins gaspilleurs que les Suisses dont un tiers des aliments finit à la poubelle et que les Anglais qui eux gaspilleraient 8 millions de  tonnes (!) d’aliments et boissons chaque année, dont plus de la moitié serait encore consommable. Triste consolation avouez.

Ces chiffres sont scandaleux par eux-mêmes mais ils prennent une dimension révoltante à la lumière de la faim dont souffre une grande partie de l’Humanité.

Chaque jour, 40 000 enfants au monde meurent de malnutrition et des maladies associées à ce fléau. Une personne meurt dans le monde à cause de la faim toutes les quatre secondes. 1 milliard de personnes souffrent de la faim dans le monde, 2 milliards sont sous alimentées ( selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture – FAO-, le terme sous-alimentation «désigne la situation des personnes dont l’apport énergétique alimentaire est insuffisant pour maintenir une vie saine et active. Le terme « sous-alimentés » désigne les personnes dans cette situation. Le pourcentage de la population souffrant de sous-alimentation indique la proportion de la population qui est sous-alimentée.»)

Trente pays d’Afrique subsaharienne souffrent de sous-alimentation, soit plus de la moitié des 50 pays recensés par l’Organisation des Nations unies pour  l’alimentation et l’agriculture (FAO). La Somalie détient le triste record de  malnutrition de la planète: 75% de sa population en souffre.

Mais bon, L’Afrique, L’Afrique,l’Afrique…C’est vrai que nos rendements ne nous suffisant pas ,on leur prend leurs terres et qu’on envoie nos semences OGM. Mais bon c’est loin, et puis un érudit nous expliquera que ça n’a rien à voir , que c’est un autre sujet…

Rapprochons nous alors.

Dans le pays de l’opulence où l’obésité triomphe, près d’une personne sur six a du mal à manger à sa faim, un paradoxe qui illustre les disparités sociales croissantes caractérisant les Etats-Unis. Selon un rapport publié à la mi-novembre 2011 par le département de l’Agriculture, près de 50 millions d’Américains (dont 17 millions d’enfants ont eu des difficultés à se nourrir en quantité suffisante  un nombre record depuis la première étude fédérale sur l’insécurité alimentaire, il y a 14 ans. L’année précédente, 36,2 millions de personnes étaient concernées, dont un tiers de façon occasionnelle. A la faveur de la crise économique et financière, les chiffres se sont emballés et devraient révéler une situation pire encore

Aux Etats-Unis, la nourriture règne en abondance, à tel point qu’une étude récente de l’université d’Arizona a montré qu’un foyer américain gâche en moyenne 14% de ses achats alimentaires.

En France, 4 millions de personnes bénéficient chaque année de repas d’associations caritatives, 5% de la population est sous-alimentée (  toujours selon la FAO : «Lorsque ce nombre de personnes est exprimé en pourcentage de la population, on peut classer les pays en sous-catégorie selon la gravité de l?insécurité alimentaire, par exemple très faible insécurité alimentaire lorsque le taux de prévalence est de 2,5 pour cent ou moins et très forte insécurité alimentaire lorsque le taux est supérieur à 35 pour cent, etc.» Pour les pays les plus riches, le taux de base est fixé à 2,5%) soit  plus de 3 millions de personnes alors qu’ en France plus de 40% des personnes de plus de 15 ans sont en surpoids et plus de 11% sont obèses .

Bref le Monde devient fou. A l’intérieur d’un même pays, des sur-alimentés, des tonnes de nourriture jetées à la poubelles et des sous-alimentés  se cotoient sans que cela ne choque finalement grand monde. Le prix de la liberté sans doute. Celui de la bêtise certainement.

Fini le temps où les parents obligeaient leurs enfants à finir leur pain , à n’en racheter que s’il y en avait plus, quitte à devoir finir avant le pain devenu dur.

« Politis » nous rappelle que  » Les dates limites de consommation se succèdent et existent moins par précaution sanitaire que pour entretenir le rythme d’obsolescence souhaité par le commerce. Dans le même temps, piocheurs de poubelles et autres glaneurs de rue de plus en plus nombreux, se voient parfois interdire la récupération de produits consommables décrétés « déchets », par crainte des ventes qui se perdent ».

Des changements s’opèrent cependant. Des restaurants font payer un supplément pour les assiettes non finies, certains font plus attention à la maison. C’est toujours bien de finir par une note d’espoir, mais bon,  que le problème est loin d’être réglé.

Source: Planetoscope - Politis - Le Monde - Ceras (3)


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Eldon 6078 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog