Nous avons tous une responsabilité quand nous nous exprimons.
Qu'il s'agisse d’exprimer en sphère publique ou privée, notre expression porte et touche le récepteur de notre message. Peut-on tout exprimer sans prendre en compte le contexte et l’histoire de l’autre ?
Le film anti islam et le dénie de Charlie Hebdo quant à leur responsabilité me révolte. 30 morts déjà à travers le monde. Ambassades fermées dans une 20 taine de pays, les écoles françaises fermées en Tunisie, pour la journée...
Voilà la caricature de la provocation: la connerie gratuite: penser que la liberté d'expression a tous les droits, c'est ne pas avoir compris la valeur et le fondement de la Liberté.
Ils me révoltent ceux qui poussent les autres à commettre des gestes de colère.
Ce sont eux les premiers responsables d'une division du monde, des faiseurs de suicide, ces manipulateurs de masse, ces manipulateurs d’esprit.
Toucher l’autre dans sa dignité c’est agresser l’autre. Au nom de quoi, quel est le sens de cette provocation, si ce n’est blesser ceux vers qui s’adresse cette provocation.
Charlie Hebdo ne sait que trop comment réagit la masse, lorsqu’on vient la toucher dans ses fondements.
Que cela soit la masse ou la personne, la provocation appelle à la réaction, à l’indignation, à la révolte et parfois dans ses formes des plus violentes.
Le malaise de l’islamophobie est bien réel en France aujourd’hui. Les postures se durcissent.
Le musulman est indigné de ne pas être reconnu. Il souffre du rejet dont il est l’objet.
Qui est responsable ? Le musulman ou ceux qui attisent la haine ? Qui pousse l’indigné dans ses retranchements, qui refuse la reconnaissance de l'autre? Qui crée l’agressivité d’hommes envers d’autres hommes ?
A mes yeux le premier responsable est celui qui exclue l'autre, le stigmatise, le rabaisse ou l'humilie.Je suis fervente défenseur de la liberté d’expression, par responsabilité de la reconnaissance de l’autre et de son droit d’expression.
Mais la liberté a ses limites, sa dignité justement. La responsabilité de chacun est engagée en un contexte et une histoire envers l’être humain, envers la vie et ce qui nous la permet.
La liberté doit être une émancipation, contre l’oppression, où chacun puisse trouver sa dignité et être reconnue. Non pas une source de haine de l’homme envers l’homme.
Boycotter Charlie Hebdo, dénoncer sa provocation gratuite, sa manipulation, me semble aujourd’hui de ma responsabilité.
Catherine Lormant.
21 Septembre 2012.