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L'hôtelier, la belle et son galant

Publié le 21 septembre 2012 par Desfraises
L'hôtelier, la belle et son galantChaque jour à 7h45 et 20h15, je croise l'Opéra Garnier
Dans ma journée de réceptionniste multitâches - accueil, réservations, conciergerie, bar, tarifs, et gestion sommaire des plateformes de vente - il est une activité qui est taboue chez beaucoup de gens. Parce que liée à la sexualité, à la manie qu'a le quidam de juger, moraliser, dénigrer. La pruderie de l'époque. Il s'agit du "day use". Pratique répandue dans l'hôtellerie et dans les usages du client vagabond, exigeant discrétion, anonymat.
Les clients (check-in) prennent possession de leur chambre dès 14 heures mais souvent dans la soirée. Les départs (check-out) se faisant entre tôt le matin et midi, il reste une marge de manœuvre (l'après-midi) dans laquelle s'est engouffré le commerçant âpre au gain. Une aubaine : la possibilité de vendre deux fois la même chambre. D'abord vendue au client attendu, bien entendu. Puis proposée au client de passage, en "utilisation journalière" (day use). Sur la vingtaine de chambres que compte l'hôtel 4 étoiles où j'occupe mon temps, un allotement de deux chambres est réservé à cet usage. La clientèle du cinq à sept, du rendez-vous galant. Le client vient entre 11 heures et 16 heures. Il ne donne que son nom, règle à l'arrivée. Il monte. Il envoie un SMS (le numéro de la chambre) à sa belle blonde qui, généralement, vient dix minutes plus tard. Tout ceci avec discrétion.
Hier.
Arrive la belle blonde. En avance. Elle s'assied au salon, consomme une eau pétillante. Attend son galant. Le grand brun baraqué arrive. Sa mâchoire manque tomber. Mes bras tombent. C'est un ami. Qui ignorait le nom et l'adresse de mon hôtel. Au lieu de la jouer "on fait comme si on ne se connaissait pas", il m'embrasse, je l'embrasse. Mon patron, à côté, hallucine. L'ami et moi perplexes échangeons trois mots. La blonde, sa maîtresse, plonge le nez dans son verre. Il règle et prend la clé de la chambre 402.
La belle et son galant prennent l'ascenseur et vont vaquer à leurs occupations.

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