San Francisco, 1976. Mary Ann a vingt-cinq ans lorsqu'elle décide d'y poser ses valises. Pour la jeune fille de l'Ohio, San Francisco s'apparente à un monde délicieux où tout est permis. Elle trouve refuge au 28 Barbary Lane, dans la pension de la gentiment excentrique Mme Madrigal. En guise d'accueil, un joint scotché sur sa porte. Et un monde nouveau qui s'ouvre devant elle.
Longtemps, la littérature américaine m'a laissée de marbre. Comme si le fait que les États-Unis aient une telle influence sur le monde et que nous soyons tant abreuvés par leur culture m'avait lassée et détournée de leur littérature avant même que je ne m'y intéresse. Mais ces derniers temps, j'ai décidé qu'il était temps de découvrir un peu ce que les écrivains américains avaient à nous offrir. Débuter par Les Chroniques de San Francisco m'est apparu comme une bonne idée. Et je ne me suis pas trompée ! Mais je me rends compte qu'il n'est pas aisé de chroniquer un livre qui a fait tant d'émules avant moi... Je me lance quand même ! Si j'appréhendais la forme de ce recueil - le feuilleton - j'ai été agréablement surprise par la dynamique qu'elle offre à l'intrigue. Chaque chapitre est l'occasion d'un focus sur un personnage en particulier, personnage pris comme il se doit dans les affres de sa solitude et les méandres de son existence. Il y a Mary Ann, certes, mais aussi sa maternelle logeuse, Mme Madrigal, au passé trouble, Mona, publicitaire paumée qui partage son appartement de Barbary Lane avec Michael, jeune homosexuel en quête de l'âme soeur, Brian, charmant serveur un peu trop entreprenant, Norman, vendeur en vitamines taciturne. Et puis il y a ceux qui n'habitent pas dans cette auberge espagnole chaleureuse qu'est la pension de Mme Madrigal : Edgar Halcyon, directeur d'une grande entreprise, Dede, sa fille, et son infidèle de mari Beauchamp, etc. Tout ce petit monde évolue et se cherche dans un San Francisco en pleine effervescence. Ce premier tome se lit très rapidement. Chaque personnage tisse autour de lui une intrigue qui lui est propre et qui trouve au fil des pages des ramifications avec d'autres protagonistes. Armistead Maupin réussit le tour de force de ne pas lasser son lecteur avec ces feuilletons quotidiens rassemblés dans ce premier tome. Si chaque chapitre est assez court, il n'en demeure pas moins qu'il offre une avancée indéniable à l'intrigue et des rebondissements très intéressants à cette dernière. Et moi qui étais sceptique, j'ai été conquise. C'est dire...
On lit, que dis-je, on dévore, ces Chroniques de San Francisco ! Bienvenue dans un monde décalé et envoûtant...
Elles ont lu aussi ce premier tome : Manu, Argali, L'Ogresse, Mélusine, Stephie, Leiloona, Pimprenelle...