Tag Und Nacht
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Taches de nuits et de nacre
Tisons éteints comme des flaques
Les bas noirs des femmes
aux si longues jambes
s’éparpillent sur les trottoirs
s’unissent en de larges sourires.
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Nacht Und Tag
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Taches de nuits et de nacre
Que tu ramasses derrière leurs épaules
En fuite sur le pavé de marbre blanc
Que tu saisis.
Taches d’oubli
étendues sur leurs bras
qui parsemaient leurs vies.
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Variation sur un film d’Antonioni.
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Je te vois disparaître
à l’angle d’une rue hantée par
aucune personne
bâtie sur un ancien sentier désertique
il me semble que l’asphalte se souvient
qu’il n’a jamais rien été d’autre…
Ton rouge à lèvre coule
sur un réverbère hautain
il vient se figer et empourpre
le vent qui emporte tes cheveux
avant qu’ils ne viennent se figer
en haut des marronniers
aux bras contorsionnés
comme de maigres girouettes désaxées
Mais dis sommes-nous encore en plein centre de Milan
pas un klaxon ne vient réveiller
cette torpeur printanière qui glisse
devient une mélodie diaphane
étalée sur plusieurs jours
belle et monotone à force
pas un sanglot ni le moindre frémissement
par ici
les parcs sont des cimetières
les parkings des auberges abandonnées
régnant sur les avenues
ces vallées étroites aux roches métalliques
toujours aussi mal bétonnées
Sous un arbre à la nuit tombée
seuls tes cheveux s’élancent encore
autour des sapins
tu étais pourtant si vivante
quelques heures avant
plus vivante encore
que sous mon corps et mes caresses
d’un geste mal assuré,
je tente de caresser ton cou
ma main glisse sur ton dos
glisse
cascade continue
sur un parquet sans aspérités
un sol fendu comme ta jupe
celle où tes jambes se croisaient en me souriant
pendant que toi
tu continuais à me reprocher
mes lointains manquements
mes vains renoncements
depuis mon absence trop longue
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Expériences visuelles
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D’un geste lent mais décidé
J’ai chassé le soleil noir
Qui bavait sur mes journées d’attente
D’un simple haussement d’épaules
Je suis parti
Nu vêtu
d’un simple stylo bille
et d’une caméra Super 8
pour filmer les spasmes
de ta lassitude et de ta longue volupté
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Le Western de l’Apocalypse
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Pour Sam Peckinpah
Un mythe se défait
pendant que l’on écrit l’histoire
D’un lieu qui n’en a jamais possédé de véritable.
Reste le lent ressac de vagues envolées pleines de sable,
Projetées, enfouies,
sur le théâtre de la conquête de l’Ouest,
un écriteau : A vendre !
Seriez-vous preneur ?
Des desesperados aux formes évanescentes
Se regroupent, s’attroupent peu avant l’aube.
Leurs visages sont indistincts
Leurs silhouettes en tous points comparables
A celles qui habitent l’humanité fantomatique
des longues toiles du Greco.
Du sang, de l’alcool déjà frelaté,
Des outlaws et des danseuses
Aux regards également putassiers
Composent un ballet hypothétique
Une Apocalypse où tout finit par de la poussière.
L’unique étoffe du désert a défait les héros.
Reste un requiem sur lequel tu viens poser
Une étoile de shérif toute ébréchée.
A Billy the Kid, Pat Garett a succédé.