Dans cet article vous pourrez retrouvez la couverture de Madame Figaro et son shoot en noir et blanc.En revanche,les deux autres photos accompagnant l'article proviennent de "Elle Canada".
On rencontre Kristen Stewart avant le « scandale » [...] Il y a quelque chose de terriblement animal chez cette belle fille aux yeux verts et à la voix grave, à qui le monde appartient. Son allure n’a pas échappé à Nicolas Ghesquière, le très pointu directeur artistique de la maison Balenciaga, qui n’a pas son pareil pour repérer les atypiques ou les rebelles (Charlotte Gainsbourg, Jennifer Connelly) et a choisi Stewart comme égérie de son nouveau parfum féminin, Florabotanica, un nom de baptême qui fait référence aux jardins botaniques du XVIIIème siècle dans lesquels les espèces végétales les plus rares et les plus exotiques cohabitaient. D’où le concept d’un jardin capiteux, tour à tour enchanté ou vénéneux, dans lequel la princesse Kristen se perdrait. Interview à deux voix.
Madame Figaro. - Vous souvenez-vous de votre première rencontre ?
Kristen Stewart. -Je m’en souviens comme si c’était hier : c’était sur un photo shoot pour un magazine, avec Bruce Weber, j’étais toute petite, je devais avoir 14 ou 15 ans. J’avais une certaine habitude des séances photo, ce qui ne veut pas dire que j’étais dans mon élément. C’est la première fois que j’ai croisé le regard de Nicolas et que j’identifiais clairement une marque, Balenciaga. J’ai eu l’intuition que nous nous reverrions. À cette époque, je ne connaissais rien à la mode : au minimum, les gens sont capables de citer Chanel ; moi, non, rien du tout. J’étais assez intimidée, je n’étais ni un mannequin ni une actrice connue, et j’étais là, au centre d’un moment de mode. Il régnait sur ce plateau une énergie tellement contagieuse que j’ai été saisie, une énergie comparable à celle qui me fait aimer le cinéma. Aujourd’hui que je connais mieux ce monde, je vous assure qu’on peut facilement faire la différence entre ceux qui créent parce qu’ils sont portés par une nécessité intérieure, et les autres, les suiveurs. Nicolas fait partie de la première catégorie, il est extraordinairement investi. C’est une évidence : il n’y a qu’à voir comme son visage s’éclaire lorsqu’il regarde un vêtement. Une lumière émane de lui.
Nicolas Ghesquière. -L’idéal, c’est quand les vêtements sont incarnés. Quand Kristen porte une de mes créations, je vois bien qu’elle en prend possession et qu’alors tout fait sens. Lorsque je l’ai vue la première fois, j’ai su instantanément qu’elle et moi partagerions quelque chose. C’était imprécis, mais j’étais sûr de ça. Je mourais d’envie de la revoir et j’ai commencé à lui envoyer des signaux : peut-on l’habiller ? Accepterait-elle de voir la collection en cours ? Cela a été le début de notre dialogue.
Vous semblez être des esprits libres, chacun dans vos domaines respectifs...
Kristen Stewart. - Il faut assumer. Si l’on veut réellement s’accomplir, il ne faut pas avoir honte de ce qu’on est, il faut assumer ses choix. Se dire : quand j’ai fait ça, j’étais ainsi, aujourd’hui je suis différente. Cela ne sert à rien de regarder dans le rétroviseur, il faut aller de l’avant. On critique mon travail ? À moi d’en faire quelque chose de positif et de progresser. J’ai toujours eu confiance en moi, ce qui ne veut pas dire que je m’endors sur mes lauriers ou que je ne me trompe pas. Tout évolue et la vie se charge de vous faire bouger.
Nicolas Ghesquière. - Sinon, on fait du surplace et on s’atrophie.
Kristen Stewart. - Je déteste ce qui stagne. Il faut créer, aller vers la nouveauté. Même quand on ne s’aime pas.
Nicolas, comment fait-on de la résistance dans le milieu de la mode ? Cela requiert-il de la volonté, de l’endurance ?
Nicolas Ghesquière. - Nous sommes portés par un désir, mais on ignore d’où émane cette puissance du désir. Après, on travaille dur pour faire la différence, et l’attente vis-à-vis de soi-même est grande. La liberté d’expression existe au prix de ce questionnement permanent.
Kristen Stewart. - Absolument, il faut sans cesse se remettre en question mais ne pas avoir peur non plus de baisser la garde, de s’abandonner.
Nicolas Ghesquière. - Dans la mode, tout est démesuré : on aime ou on déteste, mais il n’y a pas de demi-mesure, jamais de tiédeur...
Faites-vous un métier dangereux...pour les nerfs ?
Nicolas Ghesquière. - Il y a évidemment bien plus dangereux, mais le risque réside dans la frontière très perméable entre ce que l’on est et ce que l’on fait.
Kristen Stewart. - Pareil au cinéma. Ce n’est pas si normal, ces métiers qui cannibalisent nos vies. Pour ma part, cela ne s’arrête jamais. Dès qu’on me raconte une histoire, je pense : est-ce que cela ferait un bon film ? Tout se confond et la vie me ramène sans cesse aux films. Être actrice, c’est essayer de comprendre. C’est aussi ce que j’essaie de faire tous les jours. Alors, quand un journaliste me demande : « Est-ce que c’est douloureux ? Est-ce que ça compte ? », je réponds : « Oui, mais c’est si bon ! »
Est-il facile de rester soi-même, soumis à une si haute pression ?
Kristen Stewart. - Oui, si l’on se lance des défis pour conserver une ligne de conduite.
Nicolas Ghesquière. - Kristen et moi avons commencé tôt, et lorsqu’on commence tôt, on s’endurcit plus vite : on doit se battre davantage pour convaincre et faire entendre son point de vue.
Kristen, êtes-vous désormais une fashion créature ?
Kristen Stewart. - Je n’ai jamais eu de problèmes avec ce que je portais, même quand c’était approximatif et qu’on le remarquait. Ce que j’ai observé depuis, en revanche, c’est qu’un vêtement, même s’il ne vous change pas, peut vous faire comprendre des choses sur vous-même ou vous faire découvrir de nouveaux territoires. Un vêtement, c’est comme un film : une porte ouverte sur un horizon. C’est pour ça que la mode est fascinante et que je l'apprécie.
Nicolas Ghesquière. - Il y a un côté effortless chez Kristen : elle s’approprie une tenue sans effort. Et elle va tout naturellement vers des pièces fortes...
Kristen Stewart. -Comme je suis assez casual, les gens pensent que la mode ne m’intéresse pas... Pourtant je vais exactement vers le contraire du casual !
Nicolas Ghesquière. -Elle incarne idéalement une sophistication moderne. C’était flagrant au dernier Festival de Cannes, lors de la présentation d’On the Road, le film de Walter Salles.
Nicolas, diriez-vous de Kristen qu’elle est votre muse ?
Nicolas Ghesquière. - Bien mieux qu’une muse ! Lorsqu’elle porte un de mes vêtements, elle le valide et je suis comblé. Entre nous, il existe une relation et je veux continuer cette conversation-là.
Kristen Stewart. - Avec Nicolas, je peux participer, et c’est ce qui me plaît : être active.
Kristen, le magazine Forbes vous attribue la première place dans son classement des actrices les plus riches de l’année, et donc la plus puissante...
Nicolas Ghesquière. - C’est prometteur ! (Il rit.) Des choix forts, une légitimité, une énergie, une sensibilité... je prends !
Kristen Stewart. -Le pouvoir ? Cela signifie encore plus de responsabilités et de mouvement puisque rien dans la vie ne doit rester immobile. J’espère être réfléchie et responsable. Je ne mène pas une vie frivole, mais je ne me vois pas non plus faire comme beaucoup d’acteurs, des galas de charité uniquement parce que c’est bien vu ! Je ne veux pas m’éparpiller, je veux être sincère et investie dans tout ce que je fais... Quant au classementForbes : foutaises ! ( Elle rit. )
Kristen Stewart par Nicolas Ghesquière
“Elle est courageuse, vraiment courageuse. Elle a fait des choix artistiques forts, qui traduisent une radicalité. Elle incarne la liberté créative. Et je ne parle ni de son charisme ni de sa beauté. C’est une source d’inspiration.”
Nicolas Ghesquière par Kristen Stewart “Il émane de lui une telle force tranquille, une telle invincibilité et une telle authenticité. J’ai envie de le suivre les yeux fermés!”
Merci à notre Partenaire 'It's Ok to Be You' pour l'interview
et les photos :link