Le musée du Louvre possède l'une des plus belles collections d'art islamique du monde avec près de 10.000 pièces provenant d’Espagne, du Moyen-Orient, d’Iran ou d’Inde complétées par l’important dépôt de 3.400 œuvres du musée des Arts décoratifs.
Auparavant aucun emplacement satisfaisant n'avait été trouvé pour exposer ces collections qui, au début du Grand Louvre, étaient dans l'aile Richelieu mais un peu à l'écart, du côté des escalators. C'est en 2002 que fut prise la décision de donner toute sa place aux arts de l'Islam par la création d'un huitième département artistique situé dans la cour Visconti, décision annoncée par un discours du Président de la République d'alors, Jacques Chirac. Comme je l'avais déjà souligné, la proximité du Louvre avec le pouvoir lui impose des choix qui ne sont pas toujours les siens au départ, à l'exemple du « Louvre Abou Dhabi », en contrepartie le musée dispose d'une relative aisance financière.
Ce projet a permis de multiplier par trois les espaces consacrés aux arts islamiques, soit près de 3.000 m2. La nouvelle collection se déploie sur deux niveaux de la cour Visconti dans une muséographie conçue par les architectes Mario Bellini et Rudy Ricciotti. Cette cour jusqu'à présent inutilisée est à proximité des œuvres les plus visitées du Louvre (la Joconde, la Victoire de Samothrace et la Vénus de Milo) ainsi que des nouvelles salles consacrées aux provinces orientales de l’Empire romain, il y aura donc une continuité dans le parcours. La muséographie permettra de dresser un panorama des réalisations artistiques de l'Islam du VIIe siècle jusqu'au début du XIXe siècle dans des domaines tels que les arts décoratifs, les objets, miniatures, les textiles, les tapis et l’architecture. Le parcours permettra de se rendre compte non seulement de l'homogénéité des arts de l'Islam, qui les rendent immédiatement mais aussi de l'extrême créativité exercée au cours des siècles sur des thèmes communs.
Il y a quatre ans, lors de la pose de la première pierre, une antique tradition fut remise à l'honneur, celle du "dépôt de fondation", cette coutume qui existait déjà dans la Babylone antique servait à relier le bâtiment au ciel et honorer ses fondateurs. Le dépôt des nouvelles salles des Arts de l'Islam est un plan des salles roulé dans un tube lequel a été inséré dans une pierre scellée dans les fondations. Le coût global de l'opération se monte à 98,5 M€ financé par l'Etat à hauteur de 31 M€ et par des mécènes privés parmi lesquels la donation exceptionnelle de 17 M€ du prince saoudien Alwaleed Bin Talal Bin Abdulaziz Al Saud, une des contributions les plus élevées dans l’histoire du mécénat privé en France. Malgré tout, la presse rapporte que le Louvre recherche encore près de 10 M€ pour boucler ce projet.
La date d’ouverture du nouveau Département est fixée à demain, samedi 22 septembre, ma qualité de membre des « Amis du Louvre » m’a permis de bénéficier d’une avant première jeudi. Mes impressions sur ma première visite des arts de l’Islam seront donc le sujet du prochain article à paraître le vendredi 5 octobre.