S’en prendre aux auto-entrepreneurs, c’est s’en prendre à ceux qui acceptent de travailler plus pour 300€/mois !
Par Thibault Doidy de Kerguelen.
Aujourd’hui, l’INSEE vient de sortir des chiffres que je vous recommande de de lire attentivement si le sujet vous intéresse. Il en ressort que en 2009, 328 000 personnes ont créé une auto-entreprise, dont seulement la moitié exerce une activité économique effective, c’est à dire déclare au moins un Euro de Chiffre d’Affaires. Ces auto-entrepreneurs actifs sont proches des créateurs d’entreprises « classiques » par leurs caractéristiques, mais ils tirent de leur activité un revenu très inférieur : en moyenne, 4 300 euros de revenu annualisé la première année (soit 358€/mois), soit trois fois moins que les créateurs classiques. Ils exercent souvent en parallèle une activité salariée. Deux ans plus tard, fin 2011, 102 000 sont toujours actifs économiquement, mais seuls 79 000 ont pu dégager un revenu positif de façon continue sur les trois ans. En moyenne, le revenu qu’ils tirent de leur activité a progressé, mais pour neuf sur dix, il demeure inférieur au Smic. Si une petite moitié a pérennisé son activité en développant son chiffre d’affaires, moins d’un sur dix perçoit un revenu comparable à celui des autres non-salariés de son secteur. Peu ont quitté l’auto-entrepreneuriat pour rejoindre le régime non salarié classique.
L’auto entrepreneur, c’est un espace de liberté dans un monde de coercition. Dispensé de comptabilité tatillonne, fastidieuse et coûteuse, il paie ses charges au prorata du chiffre d’affaire. Ce régime déjà très bridé par des limites très strictes concernant ses plafonds, risque de connaître sous peu des attaques ayant pour but de le dénaturer puis de lui ôter tout intérêt afin, à terme, de le supprimer sans que cela ne gêne qui que ce soit. Il sera victime d’un tir croisé provenant des politiques politiciens qui lui reprochent ses origines sarkosiennes (et on voit régulièrement combien il en coûte d’avoir des origines sarkosiennes), des idéologues socialistes qui haïssent pas principe toute velléité d’indépendance et de double activité, et enfin des fonctionnaires de Bercy qui, par culture sont à des années lumières de ce dispositif et l’ont toujours considéré comme « bâtard » et en dehors de la tradition entrepreneuriale française.
Pourtant, s’il est une mesure de l’époque Sarkozy qu’il faudrait garder, voire élargir, c’est l’auto entrepreneur. C’est l’expression moderne du mérite républicain, c’est la chance laissée, à ceux qui le souhaitent, d’améliorer leur condition, et les statistiques sont là pour le prouver, dans une proportion qui soulage leur vie quotidienne sans pour autant amputer réellement l’activité des autres entreprises. S’attaquer aujourd’hui aux auto entrepreneurs, c’est s’attaquer à ceux qui, parmi les plus pauvres, bougent, à ceux qui créent, à ceux qui produisent de la valeur ajoutée.
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