[note de lecture] "Ecorces" de Georges Didi-Huberman, par Cyril Anton

Par Florence Trocmé

 
L'arbre est neuf  l'arbre est saignant  
Paul Eluard (Au rendez-vous allemand)  

Il y a un livre qui résiste depuis plusieurs mois sur les présentoirs des librairies au défilé des best-sellers qui s'encornent les uns les autres jusqu'aux cartons finals qui attendent gueules ouvertes sous les banderilles fleuries des représentants en habits de lumière qui les ont préalablement fichés jusqu'à la chair.  
Ce petit livre, Écorces, de Georges Didi-Huberman, qui peut aussi bien être classé dans les rayons littérature, poésie, histoire de l'art philosophie ou essai, doit peut-être son succès à la porosité de ses contours ainsi qu'à la fluidité de son contenu qui le font s'échanger entre les mains sûres de leurs choix habituels et le portent au regard de curieux aux intérêts de lecture différents.  
Son avantage ? Pouvoir être lu selon plusieurs degrés de lectures et être abordé de différentes manières. Nous pouvons passer par la case "curiosités et machines étranges" en nous rendant sur le site de Matt Richardson (créateur et écrivain selon sa propre description) où nous est proposée une machine à photographier dont le résultat après déclic de l'appareil ne rend pas une image mais un texte descriptif. Ce procédé, ludique en apparence et qui pourrait sembler outrageusement éloigné de l'œuvre exigeante de Didi-Huberman développe une première idée qui se retrouve dans Écorces : l'image ne montre pas tout et le texte, générateur d'émotions, pluriel d'imagination, agit dans les "trous" de la photographie, joue le rôle de son négatif, développe ses manques, démontre qu'elle peut résulter en un calligramme intérieur parfois plus proche de la réalité. Mais pour l'instant nous n'avons parlé encore de l'intervention créatrice de l'homme.  
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Téléchargement Ecorces de Georges Didi-Huberman, lecture de Cyril Anton

Georges Didi-Huberman 
Écorces 
Les Editions de Minuit