Nomades, festival ouvert sur la ville et le monde, mais qui doit avant tout sa thématique à la sociologie du quartier. «Les gens du voyage – y compris ceux sédentarisés – représentent 15% de la population ici. Je n’aime pas entendre qu’“il faut qu’ils s’intègrent” – non, il faut que ça aille dans les deux sens. Nous voulous que tout le monde soit acteur, réalisateur de la vie du quartier. Et eux ont tiennent vraiment à expliquer qui ils sont, quelle est leur culture. D’un côté, on espère donc abattre les a priori qu’on porte sur eux ; de l’autre, faire en sorte qu’ils se sentent bien dans le quartier, considérés – ce qui tend à augmenter leur fréquentation des structures et des écoles.»
«Si loin et si proche»
«Je me suis rendu compte que ces gens avaient énormément envie de se dire, de se raconter», reprend comme en écho Éric Marie-Magdeleine, photographe qui exposera au village du festival quelques-uns de ses clichés pris “en immersion” auprès des Roms bulgarophones installés avenue Thiers – cet «autre monde», derrière le mur, «si loin et si proche». «Ils ont la même envie que nous d’élever leurs enfants dans des conditions décentes, la même aspiration au bonheur... et à la normalité.»
Fabien Hude embrasse du regard le site du quai du Maroc où, parmi les bénévoles qui s’activent autour du chapiteau (140 en tout pour la manifestation), près d’un quart sont des gens du voyage : «Ce qui fait le plus plaisir, c’est que tout le monde joue le jeu, et a appris, mieux qu’à vivre ensemble, à travailler et construire ensemble.» Pas centré seulement sur les gens du voyage, le festival avait consacré un focus aux nomades du Maghreb, les touaregs, en 2010 et propose cette fois de découvrir la culture mongole par l’oeil du photographe Christophe Goussard.
Belles soirées... à prix libre
Tout au long des trois jours, le village proposera autour de la guinguette expos et stands d’artisanat varié et, dimanche, une foule d’activités (concerts, rencontres, projections, ateliers cirque et autres surprises). D’ici là, sous le chapiteau, on verra ce soir le ténébreux chantre de la liberté Thierry “Titi”’ Robin en trio et la Cie Mohein et son répertoire aux couleurs du soleil et du métissage, et demain une icône du swing manouche dans la lignée de Django, Tchavolo Schmitt, parrain de cette édition. Derrière lui, du klezmer avec Aälma, du balkanique avec O’Djila et du flamenco Los Tiburones et Serge Lopez. Ces concerts sont à prix libre – un risque assumé par Mascarets, qui compte sur «l’honnêteté des gens.» •
Sébastien Le Jeune