Salon Nautique de Barcelone

Août commence à décliner et on ressent déjà le besoin de faire quelque chose pour nous soulager de la douleur de voir l’été mourir lentement. Pour certains, la douleur commence bien avant, car il est certain qu’il y a des gens qui ne vivent que pour l’été. Ils passent l’année à l’attendre comme le géant égoïste du conte de Wilde qui jour et nuit espérait entrevoir un signe de l’arrivée du beau temps depuis sa fenêtre, et quand il arrive enfin, dès le premier jour, puis sont en deuil de sa mort imminente, annoncée tous les jours de manière inexorable par le déclin des jours, à peine perceptible au premier abord, de façon indéniablement déchirante à l’approche de Septembre.

C’est alors que nous avons recours à toutes sortes de stratégies qui nous permettent de prolonger l’état de grâce associé à l’été. Une d’elles est peut-être de se rendre entre le 26 et le 30 Septembre au Salon Nautique de Barcelone (http://www.salonnautico.com/), très probablement la plus grande référence dans des événements de ce genre pour tous les professionnels et amateurs de la navigation maritime dans la péninsule ibérique.

Se promener dans le toujours impressionnant Port Vell entre la vaste galerie d’embarcations exposées (de voiliers à ménorquins, de yachts à des bateaux à voiles ou à moteur-véritables protagonistes de l’événement une fois de plus-, des catamarans à des bateaux de pêche-promenade…) déclenche de manière évocatrice l’imagination, qui nous entraine dans des voyages impossibles dans des pays qui ne figurent pas sur les feuilles cartographiques où c’est toujours l’été. Mais nous avons aussi cet autre monde technologique qui rend possible la navigation, un monde d’appareils sophistiqués qui provoquent stupeur et étonnement parmi les néophytes dominés par une vision romantique des mers et l’admiration sans bornes et l’appréciation critique des professionnels modernes qui connaissent leur importance . Un monde fait de radars, de pilotes automatiques, de sondes, de systèmes GPS, de cartes intelligentes et toute une gamme très étendue d’engins de dernière génération qui pour certains peut être enlèvent toute sa grâce à la navigation, mais dont l’utilité est si difficile à réfuter contre ses plus ardents défenseurs. Ils appartiennent aussi à l’univers fascinant du nautique, comme les cordes, les moteurs, et tous les accessoires également nécessaires pour pratiquer les sports aquatiques (ski nautique, kitesurf, voile, canoë-kayak, planche à voile, plongée libre …).

Perdus dans cet univers, même les plus étrangers aux questions pratiques peuvent respirer cet air marin inimitable de séductrice et terrible beauté essentielle et presque atavique, associations littéraires qui les rendent enivrantes et dans une version moderne d’un tableau de Canaletto ou ces peintures marines que créait le peintre Elstir dans les livres de Proust. Peut-être même recréer la triste fin de Dick Divers dans “Tendre est la nuit”, maintenant que s’approche un renaissant Scott Fitzgerald annoncé par la version cinématographique de Gatsby le Magnifique.

Paul Oilzum