Au début du récit, la narratrice, une jeune femme d’une trentaine d’année, polyglotte et traductrice-correctrice, libre dans son boulot, décide de quitter son amant, ne ressentant pas vraiment d’échange entre eux, à part l’alchimie sexuelle. Qu’elle quitte également son mari, très bien, ils semblaient de toute façon n’avoir plus grand-chose à se dire et peu de points communs, mais la situation devient ensuite totalement irréaliste, lorsque le mari revient pour reprendre livres, casseroles, cafetière ou brosse à dent et en profite pour refaire l’amour à sa femme (ex-femme, c’est lui qui la fiche dehors !), alors que sa maîtresse est enceinte de lui. Et l’histoire parait ensuite un peu tirée par les cheveux lorsqu’elle part pour le bout du pays avec le fils de son amie, petit garçon certes très attachant, mais à moitié sourd et malvoyant, dont on croirait vraiment qu’il est autiste.
Bien sûr, si on y regarde de près, on se rend compte que cette femme est libre et qu’elle assume ses choix de liberté. La relation qu’elle entretient avec l’enfant est aussi cocasse qu’émouvante, ne sachant pas trop comment s’y prendre au départ, puis laissant parler son instinct et son cœur pour finalement arriver à communiquer avec le petit et même à lui faire faire des progrès considérables. Elle assume également ses choix de femme dans les rencontres masculines qui parsèment son chemin, s’autorisant le désir et le plaisir sans tabou aucun.
C’est de l’enfant que vient l’émotion, de ce qu’il fait ressortir de la personnalité de la jeune femme, de la façon dont il met à l’épreuve totalement inconsciemment ses sentiments. Tumi est un enfant différent qui a besoin d’aide, et du coup cette femme qui ne voulait plus d’entraves se trouve liée à lui, d’une façon très intime. Se noue une relation vraiment originale, qui influe sur les décisions du duo. Il faut dire que nous sommes dans un récit aussi réaliste que totalement imaginaire. La narratrice gagne au loto (deux fois !) mais sa voiture crève sur une route paumée en pleine nuit, et dans ce monde du bout du monde, cela semble effectivement possible ! Il y a également de belles rencontres sur la route, avec des personnages vraiment atypiques, comme les chanteurs estoniens ou les chasseurs, le vétérinaire ou le Père Noël, ou la vieille femme qui apprend le tricot à l’enfant. La narratrice accepte avec un humour décapant tout ce qu’il lui arrive, mais en même temps, le lecteur peut être dérangé par son détachement, cette manière de ne pas vraiment s’investir, cette sorte de fuite en avant que représente ce voyage aux confins du pays. Pays que l’auteur décrit avec un talent réel puisqu’on ressent à chaque page l’influence des éléments déchaînés, la pluie omniprésente et l’ambiance lugubre qui semble régner sur ces plaines islandaises.
Il est très étrange que ce roman s’intitule en islandais Pluie de novembre, alors que son titre français est L’embellie. Les perceptions doivent donc être bien différentes d’un pays à l’autre ! On comprend cependant le titre français vers la fin du roman : l’embellie, c’est ce moment « Juste avant midi, le monde soulève sa noire couverture et le soleil fait son entrée horizontale par la fenêtre, une mince strie rose, comme la ligne ténue entre les paupières d’une femme ensommeillée ». Mais peut-être aussi est-ce cette liberté prise par cette femme, qui décide de larguer toutes ses amarres et de partir, de commencer une nouvelle vie sans se poser de questions…
Pour moi, en tout cas, point d’embellie ressentie, mais j’ai par contre été très consciente de la pluie, comme je l’avais été des intempéries dans Rosa Candida. Ma lecture de ce roman est sans doute restée très « 1er degré » et je n’ai pas du tout été séduite par cette relation, certes cocasse et parfois émouvante, mais qui ne m’a pas vraiment passionnée, et j’ai même à plusieurs moments trouvé le récit plutôt rasoir et plombant.
Merci à Libfly et aux Editions Zulma pour m'avoir permis de lire ce roman en avant première de la Rentrée Littéraire 2013 !
Bon, l'Islande est peut-être un peu trop loin pour être considérée comme un voisine, mais je tente ma chance !
Ou plutôt désamours...