Pour ceux qui ont suivi la chaude actualité du moment avec cette effervescence islamophobe qui partie des Etats Unis a enflammé le monde arabe et a repris de plus belle en France sous couvert de liberté d'expression, voici l'excellente chronique de Mouna Hachim sur un évènement qui pousse à se questionner sur les motifs de tout cette orchestration. On est en droit de se poser des questions sur les instigateurs. si les profiteurs de cette agitation semblent nerveux comme je l'ai développé les jours précédents sur mon blog, les victimes sont encore une fois, la communauté musulmane mondiale qui pour autant fait preuve d'une assez grande lucidité face aux diverses provocations qui semblent bien orchestrées
Questions autour d’une fiction source de l'article http://www.leconomiste.com/article/898598-questions-autour-d-une-fictionpar-mouna-hachim
Par Mouna Hachim
Hystérie, folie, barbarie… Les mots manquent pour résumer l’accueil qui
a été réservé à la (re) sortie via le Net de cette immonde mascarade à
la date du 11 septembre.
En somme: beaucoup de questions et peu de réponses… Pourquoi ce timing
synchronisé pour propulser une production qui a pour intention
manifeste, l’incitation à la haine?
Contre qui précisément est dirigée la colère de ces manifestants et en
quoi les ambassades américaines, britanniques, allemandes... sont
impliquées d’autant que certains gouvernements étrangers dont US s’en
sont clairement démarqués? Qu’une grande manifestation à travers le
monde use de moyens pacifiques et légaux pour exiger le respect des
symboles religieux, soit! Mais pas la violence qu’on a vu, de-ci de-là, à
Benghazi, Tunis, Le Caire, Khartoum, Sanaâ, Zinder au Niger… Ce mélange
de haine, de colère aveugle, d’épanchement des frustrations et des
sentiments d’humiliation, en plus de l’effet de foule, des
manipulations, du sous-développement…
Un
scénario digne d’une machiavélique fiction où d’autres acteurs (dont la
réaction est prévisible et la psychologie bien connue par les maîtres
du jeu), entrent en scène post-production pour donner la réplique au
film et lui assurer une extraordinaire promotion…
«L’innocence des musulmans», c’est ainsi que s’appelle cette grossière
mascarade. A se demander comment on peut tomber stupidement dans le
piège de ses ennemis et quels intérêts servent les plus hystériques qui
incendient, saccagent, assassinent et bafouent ainsi les valeurs de
l’islam qu’ils prétendent défendre…
Il va sans dire qu’au milieu des fracas, les voix les moins audibles
sont celles de la majorité et dindons de la farce: les musulmans
«modérés» (comme certains tiennent à préciser!); ceux qui ne crient pas
ni ne cassent rien; et qui doivent, ironie de l’histoire, se justifier
et se flageller pour des violences qu’ils n’ont pas commis. Comme si
on rendait, si ce n’est coupables, du moins, responsables du contenu de
ce film, tous les juifs et chrétiens de la planète réunis partant du
fait qu’il a été promotionné par un donateur juif ou par des chrétiens
évangéliques anti musulmans.
Ceci dit, dans cette obscurité qui guette où sont les ‘Alem et les
intellectuels? Qui va donc se charger d’éveiller les consciences,
encourager le dialogue, favoriser l’esprit critique, porter la lumière
du savoir comme arme idéale contre l’extrémisme et les ravages de
l’Ignorance...?
Par ailleurs, tout comme la critique de l’islam doit se baser sur des
fondements intellectuels, la réponse doit être menée par la sagesse, sur
le chemin de la connaissance, sans céder au sentimentalisme, à
l’auto-glorification ou à l’endoctrinement...
Or, que produisons-nous en ce moment en tant que musulmans si ce n’est
des déficits à tous les niveaux, des prédications grotesques et
enflammées, des larmes de victimisation…? Les chiffres relatifs au
classement du monde musulman aux indices de développement devraient
faire honte à nos élites et dirigeants… A ce titre, pourquoi ces princes
du Golfe aux richesses fabuleuses n’encouragent pas la production de
travaux libres (films, documentaires…) et autres réalisations, de
qualité, à portée internationale, sur la civilisation musulmane et sur
son Histoire au lieu de financer et de promouvoir des courants
radicaux…?
Pourquoi ne pas dénoncer les accointances d’ordre politique,
géostratégique, économique entre les plus extrémistes de toutes les
religions qui donnent l’impression de ne pouvoir fonctionner les uns
sans les autres.
Enfin, quelle révolution est celle qui accouche d’un goût de chaos? Un
«Printemps» qui ne finit pas de surprendre et donne l’impression d’une
boîte qui a explosé pour libérer non plus l’espoir du départ mais le
doute et la peur avec l’apparition d’étranges «démons». Montée des
extrémismes, haines et ignorances de tous côtés et spirale vicieuse qui
signifierait comme dans la pièce du théâtre de l’absurde, «Rhinocéros»,
d’Eugène Ionesco, la fin de l’humanité, de la civilisation… «Au début,
les gens ont l'air normaux, puis un se transforme en rhinocéros, puis un
autre, encore un autre... jusqu'au triomphe total de la rhinocérocité ...
».
Pour échapper à cette «animalité» rampante, il ne reste plus qu’à
résister en cherchant l’humain en nous, partant du principe que l’on ne
peut changer le monde si l’on ne change d’abord soi-même. Et comme
l’union fait la force, grouper toutes les consciences libres, désireuses
de justice et de paix, au-delà des races, des religions, des
nationalités, sous la même bannière.