Il serait réducteur de dire que la saga Bourne a influencé le film d’action, une véritable révolution du genre, un renouveau, seraient des termes plus justes pour qualifier les retombées de cette (ex) trilogie. A l’époque où tous les films d’actions, (hors muscles, j’entends, pensez plus agents) se voyaient comparés à James Bond, c’est à son tour de se voir voler la vedette et comparé avec et par Jason Bourne. Le Bond de « Casino Royale » et sa suite, « Quantum of Solace », est calqué sur le modèle Bourne.
« La Mémoire dans la peau », premier volet de la saga, conduit par Doug Liman ouvrait la voie à ce qu’allait être le coeur de la saga dont s’est emparé pour les deux volets suivants, « La Mort dans la peau » et « La Vengeance dans la peau », le très « chaotique » Paul Greengrass. Un homme, Jason Bourne, est retrouvé inanimé en mer, amnésiaque, il n’a pas la moindre idée de qui il a été. Il s’avère finalement être un agent surentraîné, manipulé par une agence pour opérer sur des missions à hauts risques pour un programme du nom de Treadstone. Un pitch simple, voir même classique mais diablement exécuté sur les trois premiers volets.
Matt Damon, qui avait incarné Jason Bourne, n’est plus et laisse sa place à Jeremy Renner (« Démineurs »), ainsi que Paul Greengrass qui laisse sa place au co-scénariste des trois premiers volets, Tony Gilroy (« Michael Clayton »). Intelligence de la production, Renner ne reprend pas le rôle de Damon mais de celui d’un autre agent, Aaron Cross, victime d’un autre programme, Outcome.
Contrairement à Bourne, Cross n’est pas amnésiaque, il a conscience de son rôle d’agent ce qui donne une autre dimension à l’intrigue. Là où Bourne cherchait son identité et les raisons de son amnésie, Cross cherche, lui, à trouver d’autres comprimés pour ne pas sombrer. Même si Renner fait un très bon agent, bien plus dur physiquement que ne l’était Damon, le personnage de Bourne était bien plus travaillé dans sa psychologie, son tiraillement avec son passé qu’il cherchait à découvrir, ses questionnements et agonies.
“Jason Bourne : l’Héritage” laisse un goût amère dans la bouche, à trop vouloir ressembler à ses pères, il en perd son identité et finit par manquer de punch. Long à se mettre en place, il ne convainc qu’en de rares occasions et c’est bien dommage. Il ne nous reste plus qu’à espérer un retour de Matt Damon et Paul Greengrass, et pourquoi pas accompagnés de Jeremy Renner ?