Depuis que je suis toute petite, j'ai toujours revendiqué mon désintérêt total pour cette noble institution qu'est le mariage, à grand renfort de : « Non mais trop pas, je me marierai jamais moi, plutôt mourir, c'est juste fait pour divorcer ! ». Bref, je faisais ma grande, alors qu'en fait, je ne faisais que répéter ce que ma mère rabâchait, et je m'imprégnais de son avis comme si elle était Dieu.
Et puis récemment, ça a changé. Je me suis défaite de l'opinion maternelle qui me collait à la peau. J'ai eu un déclic. Un déclic tout à fait ridicule, en fait. J'ai entendu cette chanson (Les Mots, de Mylène Farmer, oui, J'ASSUME, it's a fucking beautiful song), et ça m'a littéralement jetée une image à la figure. Dans la seconde, portée par la chanson, je voyais ma robe de mariée dans les moindres détails, je voyais exactement quel maquillage je portais, je voyais avec précision la coiffure qui finirait de me rendre sublime. Dans les bras de mon copain, sous les yeux de nos familles, dansant doucement sur cette chanson.
J'ai eu beau me donner des gifles pour m'auto-conjurer d'arrêter de dégouliner, je n'ai pas réussi. C'en était fini de moi, et de mes belles opinions rebelles : je voulais me marier. Aujourd'hui, demain ou dans cinq ans, on s'en fout, mais je voulais me marier.
J'ai bien tenté un petit « Allez, vite vite, on se marie avant que je me lasse de la chanson ! » à mon copain, auquel je n'ai eu pour réponse qu'un laconique « Bah je préfére que tu te lasses » (ce qu'il ne dit pas, c'est que monsieur a déjà failli me larguer parce qu'à mon âge je ne suis pas vraiment une garantie de mariage, de stabilité et de grande famille, mais ça, il l'oublie bien vite, c'est bien normal vu que c'est un homme). Mais j'aurais essayé.
Pour illustrer mes propos, je vous propose de parler d'une émission : 4 mariages pour une lune de miel. On est bien d'accord, c'est une émission complètement chewing-gum qui a tout autant d'utilité que Secret Story, et qui ne présente aucune stimulation intellectuelle. On le sait. MAIS.
Je n'y peux rien, j'aime cette émission. Lorsque je la regarde, mes réactions se présentent en multiples exemplaires : je chiale, je les envie, je les hais. Voilà, c'est complètement officiel, je ne suis qu'une téléspectatrice bon public complètement liquéfiée du cerveau par ce que me montre mon écran de télévision.
Elles y sont toutes pestes. Elles vont jusqu'à chercher un poil de cul dans les chiottes pour pouvoir mettre une note de merde au lieu de réception. Elles mettent des 10/20 à un repas bien fait juste parce que « attends les fraises franchement c'est trop commun ». Elles se plaignent qu'on leur met des 12/20 alors qu'elles ont été tellement gentilles dans leurs notes (oui c'est vrai que donner 10 à une réception qui coûte 20 000 euros, c'est charmant). Bref, c'est une bonne émission de pestes qui pourrait faire office de reportage sur la mauvaise foi féminine. Et pourtant, à côté de tout ça, eh bien : JE SUIS EMUE. Trop émue ! Ça me met des paillettes multicolores dans les yeux ! Ça me fait voltiger ! Je ne vois que leur magnifique robe, je ne vois que leurs vœux, je ne vois que leur sourire lorsqu'elles disent « oui », je ne vois que leur mari en joli costard, je ne vois que les invités qui ont les yeux rivés aux deux personnes de la journée, je ne vois que la beauté de l'engagement, la noblesse de cette union et l'harmonie des amoureux.
Je ne vois que des licornes roses et mauves, je ne vois que des cœurs qui volent dans la pièce, et je ne vois que ma débilité dont je devrais avoir honte.
J'ai beau rêver de mon mariage, j'ai beau ne pas pouvoir m'empêcher de pleurer d'émotion en m'imaginant dans les bras de mon copain le jour de notre hypothétique mariage, j'ai beau le supplier de passer « les Mots » à la réception, qu'est-ce que j'attends de mon mariage finalement ? Pourquoi est-ce que soudainement, je le prends autant à cœur ?
Je pense que j'en arrive à un point où j'ai très peur de perdre mon copain. Il a enfin un boulot convenable, je vais alterner cours/stages/boulot dans des journées de seulement vingt-quatre heures, et j'ai peur que dans tout cela, on se perde mutuellement. J'ai peur que notre relation perde de sa beauté, j'ai peur qu'on s'oublie, j'ai peur qu'un jour, il arrête de m'aimer.
Et j'ai l'impression que le mariage est ce qui m'apparaît comme l'engagement absolu. Un mariage, ça ne se défait pas comme ça. On paie pour se marier, on paie pour divorcer, alors théoriquement, on ne passe à l'acte que dans un état de conscience et de volonté largement avancé. Et lorsque je vois les mariées main dans la main avec leur époux, je les envie, tout simplement parce que j'aimerais me sentir autant en sécurité qu'elles. J'aimerais être liée à l'homme que j'aime par autre chose qu'une sorte de demi-engagement, dans une idée du « on sait pas trop ». J'aimerais qu'on veuille s'engager durablement avec moi. J'aimerais mériter cet honneur autant que les autres.
Ce dont je rêve, ce n'est pas vraiment du mariage en lui-même, finalement. Ce qui me rendrait vraiment heureuse, c'est que quelqu'un ait envie d'être lié à moi. C'est tout. Ça me suffirait. Notre mariage, on pourrait le faire à la caisse d'un supermarché, tant qu'on s'engage personnellement, ça me suffit. Je ne veux pas dire « oui ». Je veux qu'on me dise « oui ». (et je veux un nouveau téléphone, aussi).
Alors, voilà. Je ne leur jalouse ni leurs petits-fours, ni leurs orchidées, ni leur robe de mariée : je leur envie leur engagement, leur garantie de ne pas finir seule, leur amour réciproque.
Je suis une Bridget Jones en couple. Je suis la pire nana du monde.
Dites-moi « houuuuu » si vous voulez. Après tout, moi, mes rêves de pucelle et mes sentiments intéressés, nous le méritons parfaitement...
Je sais que je devrais peut-être avoir honte de mouiller ma culotte devant une simple formalité administrative, mais l'engagement est mon but ultime. Je l'ai déjà dit : je n'aime pas douter. Or, sans engagement, je passe ma vie à douter de tout.
En fait, ce n'est pas mon envie de mariage que je dois tuer. Ce sont mes foutus doutes.
Tout avis sur le mariage est accepté ! ;)