Magazine Asie
Voilà, j'ai refermé le dernière volume de cette trilogie magistrale écrite par Haruki Murakami. Le voyage s'achève avec de l'espoir et encore quelques mystères abandonnés sur le chemin, comme des pierres trop précieuses et trop rare pour être ramassées.
Il faut les laisser là, à leur place.
L’irruption d'un troisième narrateur pour tout bousculer
Une fois achevé le tome 2, je me suis littéralement jetée sur le dernier, pour le dernier trimestre de l'histoire. La nouveauté est l’intrusion d'un nouveau point de vue. Jusqu'alors alternait celui d'Aomamé et de Tengo. Et voilà qu'Ushikawa, le personnage difforme à l'âme sèche nous confie ses pensées, son fonctionnent cérébral hors norme.
Et malgré le dégoût qu'il génère, peu à peu, Murakami arrive à humaniser cette caricature, à lui donner du sens, des motivations et même à susciter une certaine compassion. Il est le grain de sable qui picote et dérange.
Pourtant, c'est aussi par son truchement que les destins d'Aomané et Tengo arrivent enfin à converger. Il permet aussi de révéler certains éléments annexes qui intrigue le lecteur depuis le premier tome, vu qu'il est un professionnel dans la collecte d'information.
Avec toujours une lenteur calculé, Murakami achève de nous livrer le cœur et l'âme de ses personnages, de dérouler leurs peur et leur espoirs. Moins riche en révélation et plus introspectif que le tome précédent, je l'ai trouvé néanmoins plus équilibré, avec un rythme plus harmonieux ;et la fin, pas vraiment surprenante, m'a pourtant beaucoup touché.
Virtuosité et poésie
Si vous n'avez jamais lu de roman de Murakami, je vous conseillerai néanmoins de commencer par ses nouvelles à moins que la quantité ne vous fasse par peur (plus de 1 500 pages) ! En effet, avec 1Q84 j'ai eu plus l’impression de lire un énorme bouquin coupé en trois pour des raisons pratiques que trois volumes séparés. Il s'agit véritable d'un tout. Impossible de s'arrêter en route. Il faut lire l’intégralité pour apprécier vraiment la complexité de l'intrigue, la virtuosité de montage de la narration.
Murakami signe un livre totalement hors norme, où l'élément fantastique central reste pourtant secondaire par rapport aux personnages. Il s'agit bien avant tout d'une quête amoureuse mais elle n’aurait pu être accomplit dans notre réalité. Ainsi, Murakami n'utilise pas le fantastique comme un prétexte, comme un outil original, mais comme un ressort essentiel qu'il active au besoin, toujours avec parcimonie et justesse. Encore une fois, je referme l'ouvrage avec une sensation étrange toujours sous son influence. Une fable poétique, un peu cruelle et en même temps, douce et heureuse.
À lire aussi les critiques des romans du même auteur :
- 1Q84 tome 1 et tome 2
- Après le tremblement de terre
- Kafka sur le rivage
- Le passage de la nuit
Copyright : Marianne Ciaudo