Le tome 2 de Gide l'inquiéteur, 1919-1951 : Le sel de la terre ou L'inquiétude assumée, par Frank Lestringant est paru hier chez Flammarion. 1281 pages de texte, 144 pages de notes, un cahier photographique. Présentation de l'éditeur :
Gide, après 1918, invente le personnage de l'intellectuel moderne, un rôle que Sartre et Foucault, entre autres, assumeront à leur tour d'après son exemple. Gide n'a ignoré aucun des grands courants de son siècle, symbolisme, naturalisme, dadaïsme, surréalisme, réalisme socialiste. Acteur majeur de la vie littéraire et intellectuelle pendant plus d'un demi-siècle, Gide a bien mérité le titre de « contemporain capital » qui lui a été décerné de son vivant.
Car Gide est bien l'adversaire de la société bien pensante qui l'a engendré à son dam. Or ce grand témoin, dont l'influence critique, voire révolutionnaire, n'a cessé de s'étendre, a été le maître à penser de plusieurs générations. Ce second volume de sa biographie couvre les trente-trois dernières années de sa vie. C'est le Gide de la seconde maturité, dont l'influence déborde les frontières, un Gide omniprésent dans le débat public, qu'il s'agisse d'interroger les rapports entre religion et morale, de dénoncer les abus de la colonisation, d'exalter ou de critiquer le communisme soviétique, de prôner la liberté de l'individu face aux oppressions. C'est à Gide que nous devons certaines de nos libertés, quelques-unes aussi de nos interrogations en matière de morale sexuelle, de tolérance religieuse, ou de dialogue entre les peuples et civilisations.La leçon de Gide, soixante ans après sa mort, est plus que jamais actuelle
Les éditions Orizons avaient déjà publié en 2009 les Poésies d'André Walter, illustrées par Christian Gardair. Elles donnent cette fois une étude de Justine Legrand (voir aussi ici une rencontre avec l'auteur sur le site Orizons Universités). Présentation de l'éditeur :
L’exhortation d’André Gide à lire son œuvre en adoptant un point de vue esthétique résonne à certains égards comme un appel à se détourner des considérations morales. La découverte de ce qu’il nomme sa « normale » est l’occasion, selon lui, de rétablir un certain équilibre entre les différentes sexualités, avec pour objectif principal la légitimation de l’homosexualité. Dans son œuvre de fiction, Gide s’attache à présenter les défauts de tout ce qui est défini a priori comme étant la norme, ne reculant pas à mettre en lumière les travers du modèle familial bourgeois. Grâce à cette volonté de dépasser l’idée selon laquelle l’homosexuel se trouve en dehors de la norme, Gide propose une véritable réflexion sur l’homosexualité et la place de l’homosexuel dans notre société. Le concept des études de genre développé quelques années après la mort de Gide trouve donc au sein de l’œuvre gidienne les racines de son existence. Être homosexuel, selon Gide, ne peut plus être compris comme être malade, être déviant ou être pervers, mais doit s’entendre comme le fait d’exister selon soi et ses désirs avec la conscience des acquis liés à son entourage socioculturel.
Les Actes du colloque des pour le centenaire de sa mort 12 et 13 novembre 2009 à l'Université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand viennent de paraître aux PUBP avec l'aide du CELIS. Les gidiens Claude Foucart (L’enthousiasme de Charles-Louis Philippe pour Nietzsche, entre Mallarmé et Gide), Martine Sagaert (Gide et les manuscrits de Charles-Louis Philippe) et Pierre Lachasse (Gide et les manuscrits de Charles-Louis Philippe) sont à signaler entre de nombreuses autres contributions intéressantes. Présentation de l'éditeur :
En mettant l’accent sur l’écrivain plutôt que sur l’homme, cet ouvrage a voulu établir si un siècle plus tard le jugement de Gide sur son ami Charles-Louis Philippe a toujours cours. Les contributeurs, d’origines et d’intérêts très divers et qui pour la plupart découvraient Philippe, dressent un tableau complexe et nuancé. Philosophes ou stylisticiens, comparatistes ou sociologues de la littérature, tous reconnaissent et éclairent l’œuvre d’un romancier et conteur original autant par son style et ses techniques que par sa matière et sa vision, et loin du post-naturaliste naïvement autobiographique de la légende. Œuvre « féconde, vivifiante, moralisatrice (dans plus d’un sens) et belle » (Valery Larbaud).