**Richard Doll c'est qui ?
L'éminent chercheur sur le cancer, Richard Doll, a été financé par les industriels de la chimie pendant 20 ans
The Guardian Vendredi 8 décembre 2006 Sarah Boseley, éditeur du cahier Santé (traduction par Danielle)
Cet article a été publié dans le journal britannique "The Guardian" du 8 décembre 2006, en première page de la section des principaux titres.
"The Guardian" révèle que : Un chercheur de renommée mondiale a failli à son devoir, de divulguer qu'il fournissait des services de consultant rétribués, par une industrie chimique, pendant plus de vingt ans, tout en enquêtant sur les risques de cancer dans l'industrie.
Au milieu des années 1980, Sir Richard Doll, le célèbre épidémiologiste qui a établi que fumer cause le cancer du poumon, recevait 1 500 $ par jour de la compagnie Monsanto, une entreprise alors spécialisé dans le domaine de la chimie et maintenant mieux connue pour ses activités de production d'OGM.
Alors qu'il était payé par Monsanto, Sir Richard a écrit à une commission royale australienne qui enquêtait sur les propriétés potentiellement cancérigènes de l'agent Orange que fabriquait Monsanto, agent utilisé par les États-Unis pendant la guerre du Vietnam. Sir Richard a déclaré qu'il n'existait aucune preuve montrant que ce produit chimique était cancérigène.
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Les documents que "The Guardian" a consultés révèlent que Sir Richard a aussi reçu un paiement de 15 000 livres de l'Association des fabricants de produits chimiques et deux autres entreprises de taille, Dow Chemicals et ICI, pour une étude où Sir Richard dégage le chloride de vinyle, utilisé dans les produits en plastique, de tout lien avec les cancers, à l'exception de celui du foie - une conclusion que l'Organisation Mondiale de la Santé réfute. L'étude de Sir Richard fut utilisée par l'Association du commerce des industries pour défendre l'industrie chimique pendant plus d'une décennie.
Ces révélations ont choqué les chercheurs et autres admirateurs des travaux d'avant-garde de Sir Richard et ouvert une brèche entre la majorité, qui soutient sa position, c'est-à-dire que les preuves montrent que le cancer est la conséquence des modes de vie modernes et les environnementalistes, qui soutiennent que les produits chimiques et la pollution sont coupables de l'augmentation du pourcentage de cancers.
Hier, Sir Richard Peto, l'épidémiologiste d'Oxford, qui a travaillé en étroite collaboration avec lui, a déclaré que ces allégations provenaient de ceux qui voulaient s'attaquer à la réputation de Sir Richard pour des raisons personnelles. Sir Richard, a-t-il dit, a toujours été ouvert à propos de ses relations avec l'industrie et a fait don de ses rémunérations au collège Green, situé à Oxford, l'institution pour les post-gradués dont il est le fondateur.
Le professeur John Toy, directeur médical du Centre de recherche sur le cancer de Grande-Bretagne, qui a financé une grande partie des travaux de Sir Richard, a déclaré que les temps ont changé et que les accusations doivent être remises en contexte. « Les services que Richar Doll a rendus tout au long de sa vie à la santé publique ont sauvé des millions de vies. Son travail avant-gardiste a démontré le lien entre fumer et le cancer du poumon et a pavé la voie aux efforts en cours pour réduire le glas de la mortalité due au tabac », a-t-il dit. « À l'époque où il publiait, il n'était pas automatique d'annoncer les conflits d'intérêt potentiels dans des publications scientifiques.
Mais un professeur suédois estime que certaines études de Sir Richard ont mené à une sous-évaluation du rôle des produits chimiques dans les cancers. Il a déclaré que la transparence était essentielle. « Il est acceptable qu'un chercheur soit un consultant pour n'importe qui. Mais dans ce cas, cela devrait être rapporté dans les travaux que vous publiez. », a dit Lennart Hardell, de l'hôpital universitaire d'Orebro.
Sir Richard est décédé l'année dernière. Un contrat qu'il a signé avec Monsanto se trouve aux archives de la Fondation de la bibliothèque Wellcome. Daté du 29 avril 1986, ce contrat renouvelle pour une année supplémentaire l'entente de consultation qui avait débuté le 10 mai 1979 et prévoit une augmentation de salaire. « Pendant l'année d'extension du contrat, votre rémunération sera de 1 500 $ par jour. », stipule-t-il.
Hier, Monsanto a déclaré que la compagnie ignorait quelle quantité de travail Sir Richard avait accompli pour elle, mais qu'il était un expert pour Solutia, une filiale chimique cédée par Monsanto.
(traduction par Danielle)
Version originale en anglais : The Guardian Friday December 8 2006 Renowned cancer scientist was paid by chemical firm for 20 years Sarah Boseley, health editor This article appeared in the Guardian on Friday December 08 2006 on p1 of the Top stories section. It was last updated at 09 :28 on December 08 2006. A world-famous British scientist failed to disclose that he held a paid consultancy with a chemical company for more than 20 years while investigating cancer risks in the industry, the Guardian can reveal. Sir Richard Doll, the celebrated epidemiologist who established that smoking causes lung cancer, was receiving a consultancy fee of $1,500 a day in the mid-1980s from Monsanto, then a major chemical company and now better known for its GM crops business.
While he was being paid by Monsanto, Sir Richard wrote to a royal Australian commission investigating the potential cancer-causing properties of Agent Orange, made by Monsanto and used by the US in the Vietnam war. Sir Richard said there was no evidence that the chemical caused cancer.
Documents seen by the Guardian reveal that Sir Richard was also paid a £15,000 fee by the Chemical Manufacturers Association and two other major companies, Dow Chemicals and ICI, for a review that largely cleared vinyl chloride, used in plastics, of any link with cancers apart from liver cancer - a conclusion with which the World Health Organisation disagrees. Sir Richard's review was used by the manufacturers' trade association to defend the chemical for more than a decade.
The revelations will dismay scientists and other admirers of Sir Richard's pioneering work and fuel a rift between the majority who support his view that the evidence shows cancer is a product of modern lifestyles and those environmentalists who argue that chemicals and pollution must be to blame for soaring cancer rates.
Yesterday Sir Richard Peto, the Oxford-based epidemiologist who worked closely with him, said the allegations came from those who wanted to damage Sir Richard's reputation for their own reasons. Sir Richard had always been open about his links with industry and gave all his fees to Green College, Oxford, the postgraduate institution he founded, he said.
Professor John Toy, medical director of Cancer Research UK, which funded much of Sir Richard's work, said times had changed and the accusations must be put into context. "Richard Doll's lifelong service to public health has saved millions of lives. His pioneering work demonstrated the link between smoking and lung cancer and paved the way towards current efforts to reduce tobacco's death toll," he said. "In the days he was publishing it was not automatic for potential conflicts of interest to be declared in scientific papers."
But a Swedish professor who believes that some of Sir Richard's work has led to the underestimation of the role of chemicals in causing cancers said that transparency was all-important. "It's OK for any scientist to be a consultant to anybody, but then this should be reported in the papers that you publish," said Lennart Hardell of University Hospital, Orebro.
Sir Richard died last year. Among his papers in the Wellcome Foundation library archive is a contract he signed with Monsanto. Dated April 29 1986, it extends for a year the consulting agreement that began on May 10 1979 and offers improved terms. "During the one-year period of this extension your consulting fee shall be $1,500 per day," it says.
Monsanto said yesterday it did not know how much work Sir Richard did for the company, but said he was an expert witness for Solutia, a chemical business spun off from Monsanto, as recently as 2000.
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