Dur, dur d’être un call boxeur
Je vous ai déjà parlé du phénomène des call box au Cameroun. Il faut savoir que les autorités locales ne voient pas les call box d’un bon œil et les considèrent même comme de la pollution visuelle. On leur reproche aussi d’être à l’origine de perturbations du trafic routier quand ils sont placés en bordure de rue. La vie est dure pour les call boxeurs. Le Journal du Cameroun rapporte plusieurs difficultés auxquelles ils font face :
Mais il faut dire que les exploitants des Call box font face à de nombreuses difficultés. Il s’agit des intempéries, notamment le climat avec ses caprices. Quand il pleut, le parasol n’est pas assez suffisant pour contenir la pluie, conséquence il faut tout emballer. Liliane et flore parlent aussi des agressions, de la circulation de la fausse monnaie et surtout « la malhonnêteté des clients dont les appels tombent au répondeur et refusent de payer » se plaint flore. En plus, selon elle, certains transferts de crédit de communication effectués tardent à parvenir au destinataire. Et celui-ci n’est pas toujours honnête pour revenir payer. En fin elle parle des problèmes de réseau qui mettent parfois l’activité au ralenti.
Il faut ajouter à ceci la concurrence rude entre call boxeur. Comme vous pouvez le voir sur la photo suivante, les call box poussent comme des champignons.
(C) http://www.africavox.com/
Comment se fait-il que malgré ceci, autant de camerounais se lancent dans l’aventure des call box?
Un investissement initial à la portée de tous
Il n’en faut pas beaucoup pour devenir call boxeur :
- une petite table
- un banc
- un parasol pour se protéger du soleil
- un téléphone mobile
- suffisamment d’argent pour acheter du crédit téléphonique initial
Une opportunité d’affaire
Les gens auront toujours besoin de téléphoner. Les call box donnent accès aux services téléphoniques à prix modique et jusqu’à des heures tardives. Certains call boxeurs se relaient même pour pouvoir offrir leurs services 24 heures sur 24.
Un outil d’auto-emploi
Dans un article, Salma présente le quotidien de Caroline, une jeune femme de 33 ans, mère d’un garçon de 4 ans et call boxeuse. L’article de Salma présente une réalité présente au Cameroun et dans beaucoup de pays en développement : un taux de chômage élevé qui pousse les habitants à trouver des moyens de s’en sortir. Beaucoup d’entre eux choisissent le secteur informel pour ne pas avoir à s’embarquer dans le long processus de création d’entreprise. Beaucoup de ces call boxeurs sont de jeunes diplômés qui n’ont pas réussi à se trouver un emploi. Le métier de call boxeur leur permet d’avoir accès à un revenu primaire (ou d’appoint) pour subvenir aux besoins de leur famille et de se constituer une épargne. C’est aussi un moyen de les tenir occupés et de ne pas plonger dans la délinquance. Au delà de la génération de revenue, cette activité aide à améliorer le bien être des tenanciers de call box dans la sphère cognitive (confiance en soi, foi en l’avenir, ambition pour soi et les membres de sa famille) et sociale (accès à l’éducation, accès à la santé etc.).
Manifestement, les call boxeurs ont trouvé une activité qui leur permet de renforcer leurs capacités à plusieurs égards. Le seul problème est que compte tenue de la concurrence de plus en plus féroce, il est difficile d’envisager d’exercer cette activité sur le long terme.
Que deviendront ces call boxeurs une fois que la plupart des camerounais auront accès à un téléphone mobile?
Complément de lecture :
Les call-boxeurs face à la concurrence