Aujourd'hui je pleure, je suis dans mon canapé, avec ma boîte de mouchoir. Je n'arrive pas à retenir mes larmes, elles perlent, elles gonflent, elles enflent. Et j'éponge ce flot sans fin depuis hier soir.
Je regrette tant de mes mots.
J'ai réussi, une belle place de commerciale, un mari aimant, une jolie silhouette qui attire les yeux sur mes jambes, des hanches de femme, rondes, des sourires, un carrière, et deux filles. Tout semble parfait, et pour tant je pleure.
Après mes études, après ce premier job, mes premières ventes, mon mariage, ma fille est arrivée si vite, un bébé rose si beau, une joie de sentir mon ventre rond, de le montrer car je me sentais si femme, si fière. Robe ou tunique, je restais encore plus féminine, ma poitrine avait pris deux bonnets, j'en jouais avec des cols bénitiers. Et j'ai eu deux ans après un seconde fille, un autre bébé rose, une autre grossesse heureuse, une petite famille, un boulot en forme malgré ce nouvel équilibre entre bébés, couches, petites maladies, boulot. Des enfants , des gazouillis, des moments uniques, de la lumière.
J'avais une collègue qui se lamentait, elle regardait ce bonheur avec jalousie, elle m'énervait avec ses colères, ses remontrances, ses aigreurs. Elle voulait avoir un bébé après ses cinq ans de mariage, mais rien. Et au lieu de nous aider, d'en parler, nous nous sommes crêpés le chignon mutuellement. Elle n'y arrivait pas, les médecins les aidaient, elle prenait des hormones, elle basculait dans tous les doutes mais rien, son corps refusait. C'était son seul sujet de conversation.
Mais là aujourd'hui je comprends enfin mon erreur, elle n'avait aucune jalousie, juste une énorme douleur en elle, un désir profond de bébé et un corps qui avait décidé du contraire. Elle ne m'enviait pas, elle avait simplement envie d'être mère, de mettre au monde un enfant.
Aujourd'hui je comprends car ma fille, heureuse en amour avec son mari, sereine dans la vie, n'arrive pas, elle essaye, elle a tout essayé. Ils sont venus hier soir après un troisième essai, sans résultat, le corps dit non. Elle a pleuré, j'ai pleuré, que la vie est injuste.
Mais pendant la nuit j'ai aussi angoissé sur mes erreurs passées, sur ce comportement indigne. Je n'avais pas écouté cette collègue, sa souffrance. Hier, comme depuis plusieurs semaines, je suis au plus près de ma fille, j'aimerai tant la voir pouponner, aimer et embrasser son bébé.
Un SMS ... "nous avons décidé de lancer une procédure d'adoption, nous serons parents."
N'oubliez jamais d'écouter la souffrance des autres,
même quand elle est un silence.
Nylonement