Je suis dans la rame.
Un livre à la main, j’attends tranquillement que le trajet se fasse.
Progressivement le métro se remplit, je me déplace tant bien que mal et je me retrouve le dos collé sur les portes derrière moi. C’est pas super confortable, mais je peux au moins faire le reste du voyage tranquille. Trois petites jeunes montent. Je leur donne 20/21 ans.
Ces jeunes filles portent chacune un sac à main élégant d’où dépassent des pochettes cartonnées, des feuilles et quelques livres.
Elles échangent. Un peu, mais sans plus. Leurs mots rapides sont suivis de blancs durant lesquels chacune regarde dans une direction opposée, un peu comme si elles ne souhaitaient pas se regarder par peur de ne pas avoir grand chose à se dire. L’une d’elle soupire. Deux sourires crispés apparaissent sur le visage des deux autres qui se sont croisés du regard l’espace d’une seconde. Je me dis que c’est la semaine de rentrée et qu’elles ont du faire connaissance, il y a de cela quelques heures ou jours et que ça peut expliquer leur manque de familiarité.
Puis la conversation repart sur des questions un peu plus persos : tu habites où ? Qu’est ce que tu as fait avant ? Tu mets combien de temps pour venir en cours ?
Puis les jeunes filles embrayent sur les relations amoureuses, l’une cherche un chéri depuis plusieurs mois maintenant, mais “ce n’est pas facile de trouver un mec bien avec qui bâtir une relation stable”. Une autre a du mal à se débarrasser d’un ex récalcitrant. Une autre confie qu’elle s’amuse un peu, mais qu’elle ne veut surtout pas d’une relation longue. Quelque chose dans sa voix fait que je lève le nez de mon livre et que j’ai envie de la regarder plus attentivement. Je la trouve très jolie, habillée simplement, mais avec des fringues bien coupées. Les cheveux châtain clairs, un léger maquillage qui met en valeur ses yeux bleus et ses tâches de rousseur. Une jolie bouche, elle s’exprime calmement et semble sûre d’elle. Elle parle de ses petites amourettes à droite à gauche (oui j’écoute les conversations du métro, c’est pas bien je sais
). Cette jeune femme évoque aussi son ex-copain avec qui elle a gardé quelques rapports amicaux. Ils s’entendaient bien tous les deux, mais malheureusement il y a eu une rupture. Douloureuse.Pendant que je l’écoute, une partie de moi admire sa confiance, sa prestance et son visage tout mignon. Je me fais la réflexion qu’elle semble avoir été bien gâtée par la nature. Chanceuse que je me dis.
A ce moment là, l’une des filles pose la question que je lui aurais posée si nous avions été en train de converser : pourquoi vous n’êtes plus ensemble avec ton ex ?
Là, la jeune femme marque un temps d’arrêt. Elle regarde par la fenêtre et commence à répondre : on était trop jeunes tous les deux quand on s’est mis ensemble. Et puis…
Les deux filles et moi (même si je fais très bien la fille très concentrée dans son livre) sommes suspendues à ses lèvres.
Elle : eh bien en fait…j’ai eu un accident de voiture très, très grave, il n’y a pas si longtemps. Ça a été très dur, je suis restée immobilisée à l’hôpital pendant 6 mois, j’ai eu de graves séquelles. Du coup, nous nous sommes séparés à ce moment là, c’était une situation très difficile à gérer pour lui comme pour moi, mais nous sommes resté amis.
Les deux filles sont sidérées, moi aussi. Ma station arrive. Je l’entends dire : c’était dur, mais j’en ai profité pour lire beaucoup et faire des choses pour moi. Mais maintenant ça va.
Je descends. Je me sens toute chiffonnée par cette histoire. Moi qui avais une vision bucolique et parfaite de la vie de cette fille, je me sentais tout à coup très con de m’être fier aussi facilement à son allure. J’ai bien senti l’émotion dans sa voix quand elle a parlé de son accident et j’ai été touchée. J’ai aussi perçu ce qu’il m’avait semblé être une force, une détermination à montrer que même si cet accident avait mis sa vie en stand-by un moment, elle avait réussi à aller au delà de cette épreuve.
Je me suis dit après coup, qu’il était toujours tentant de céder à une première impression et de croire qu’on avait toute une vérité devant soi. Et pourtant, un nouveau regard ou une écoute plus attentive me feront comprendre que non pas du tout. Malgré une confiance apparente par exemple, il subsiste toujours une vulnérabilité, parfois bien cachée, qui se révèlera à mes yeux qu’au moment où je m’y attendrais le moins. Parfois aussi quand j’observe les gens, je m’interroge. C’est que je ne sais jamais vraiment si ce que je vois résulte de ce que je projette et/ou de ce que l’autre veut bien montrer.
Un peu des deux je crois.
Ps : pour les fanas de Marilyn, il y a ma blogo cop Madeleine qui publie un cliché par jour de la star sur son blog. Allez-y faire un tour de ma part.
PS bis : pendant que j’y pense, Madeleine, c’est aussi une nénette qui fait de jolies petites choses créatives pour grands et petits avec ses 10 petits doigts ici.