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L’agenda du professeur Hollande

Publié le 20 septembre 2012 par Rolandlabregere

« Je vais fixer un agenda du redressement : deux ans ». Ainsi, s’est exprimé le président de la République, le dimanche 9 septembre, lors de son entretien à la télévision. « Mon cap, c’est le quinquennat », avait-il préalablement remarqué.

Tout le monde possède un agenda glissé dans sa poche ou dans son sac. Mais le terme, en voyageant du français à l’anglais et s’imposant ensuite comme un revenant, a désormais plus d’un sens dans son sac. Il est passé, de son origine latine ago, agere, ce qui doit être fait qui nous indique les choses à faire à celui d’ordre du jour. Les usages de la langue conquérante du management et de celle des gens de pouvoir ont fait le reste. Les journalistes et les communicants de toutes obédiences briefent leurs poulains de consignes à respecter pour réussir leur grand oral ou leur discours de campagne. Le changement a un agenda. Ce dernier marque la temporalité à laquelle il est soumis. C’est à partir de 1992 dans le sillage du sommet de la Terre à Rio de Janerio que le terme agenda s’est imposé avec le sens de plan d’action qui décline un ensemble de recommandations, de démarches ad hoc en cohérence avec les orientations du sommet. Alors qu’auparavant, il était question de planification, de prospective, de prévision, le sommet de la Terre impose agenda dès lors qu’un décideur réclame à un programme une temporalité pour réussir. Dans les discours du pouvoir agenda tend à s’imposer à la place de  projet, d'objectif, de visée alors qu’il reste un outil pour le bon déroulement des démarches réfléchies de changement.

La double signification du terme agenda met un doute sur la parole présidentielle. Le plan de rigueur qui va être mis en place est-il mentionné à chaque page de l’éphéméride présidentiel où chaque jour sonnerait le rappel de la peine des citoyens ? Cette mention au jour le jour montrerait l’obsession de la réussite du redressement. L’agenda « pour inverser la courbe » est-il, comme ses origines anglaises le laisseraient supposer, constitué d’un ensemble de préconisations, obligations et orientations pour que la rigueur soit la moins âpre possible ? La bonne maîtrise de la langue devrait écarter un tel usage si cet agenda ne passait pas pour être plus actuel que ses devanciers.

Le président de la République a voulu être à la page en mettant en avant un agenda pour réussir la success story qu’il a promis aux Français. Il faudra néanmoins trouver un tempo pour passer de l’incertitude à la quiétude.


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