Bob Dylan : Tempest

Publié le 20 septembre 2012 par Corboland78

Bob Dylan a fêté ses soixante et onze ans en mai dernier et ses cinquante ans de carrière, puisque son premier album sobrement intitulé Bob Dylan date de 1962. Je ne reviens pas sur son passé, il fait partie de ceux qui ont écrit les plus belles pages de l’histoire de la musique et quelque soit son actualité présente ou future, plus rien ne pourra y modifier quoi que ce soit. Le nom de Bob Dylan est inscrit en lettres d’or au frontispice de nos mémoires collectives pour l’éternité.

Malgré tout l’artiste continue de tracer son sillon, lâchant au gré de son inspiration de nouveaux CD ou libérant de ses archives quelques pépites anciennes pour nous faire patienter. Cette fois-ci il s’agit d’un album de nouveautés, Tempest, tout juste paru.

L’objet d’abord, dans un boîtier cartonné, le CD et un calepin avec une page pour écrire et une page décorée d’une photo de l’artiste. Encore une lubie à la Dylan, le carnet ne sert à rien et on s’en serait facilement passé pour avoir un livret dans le disque plus étoffé ! Un feuillet avec le titre des chansons et le nom des musiciens, et basta ! c’est tout. Merde, il pourrait faire un effort.

Citons tout de suite la petite équipe entourant le maître. Outre Dylan (guitare, piano, chant), Tony Garnier tient la basse et George G. Recelila batterie. Auxguitares, Charlie Sexton, Stu Kimball et David Hidalgo (accordéon et violon en plus) ainsi que Donnie Herron (banjo, violon et mandoline en sus de la steel guitar).

Dix titres sur ce nouvel opus qui m’effrayait un peu avant que je ne le glisse dans le lecteur car j’avais vu sur Internet le clip accompagnant Duquesne Whistle qui ouvre l’album et je l’avais trouvé particulièrement naze. Gai et sautillant certes, mais est-ce ce qu’on doit attendre de Dylan, en supposant qu’on puisse attendre quelque chose à ce point de sa carrière. Pourtant à l’écoute, il s’avère assez agréable et très swingant. Quand le second morceau débute, Soon After Midnight, lent et mélancolique avec ses guitares délicates et LA voix… on se met à espérer un bon crû. Long And Wasted Years se distingue par la prise de son qui met les vocaux à l’honneur suivi d’un Pay In Blood où, à l’inverse, Dylan dégueule son texte et je suis à deux doigts de lui tendre mon mouchoir pour qu’il se libère de glaires inconvenantes. Une constante sur ce disque, la voix est de plus en plus éraillée, raclant les cordes vocales jusqu’à la limite du possible, mais n’est-ce pas aussi sa marque de fabrique et l’un de ses atouts ? Arrive alors, ce qui sur les premières écoutes, me paraît être la pépite du disque, Scarlet Town avec son banjo discret, le violon guère plus bruyant et Dylan au top. Les rifs d’Early Roman Kings, bluesy avec l’accordéon dans le rôle de l’harmonica, évoquent une vague reprise de Muddy Waters ou des Rolling Stones « early years », sympathique en diable. Les derniers morceaux de l’album, Tempest qui s’étire sur treize minutes évoque le naufrage du Titanic et enfin Roll On John est un hommage de sept minutes à John Lennon.

Le nouvel effort de Bob Dylan s’avère au final une très bonne surprise. Ses prestations scéniques des dernières années sont souvent critiquées, sa production discographique se discute, entre CD très moyens et exhumations d’archives, il y avait longtemps qu’on n’avait eu un disque de l’artiste fait d’inédits portés à ce niveau. Merci Monsieur.