Le désir d’écrire est un enfant né d’un février sans fin. Un enfant pétri de frimas et de silence. Un enfant malingre dans ses retranchements effarouchés.
Cet enfant est né de la sauvagerie mutique des pères, du silence sacrificiel des mères.
Cet enfant est né aphone.
Pourtant, des confins de sa nuit australe, quelques balbutiements, quelques mots tremblotants ont crissé sur la neige durcie de sa solitude. Et depuis, il m’attend, exaspérant d’obstination.
Penché sur l’enfant, je m’interroge. Que puis-je pour cet être
chétif…
moribond…
inanimé…
mort-né?
NON! Non. Je vous en prie, quelqu’un, dites-moi qu’il vivra. Et que je renaîtrai de lui, par lui, avant l’heure du silence irréparable.