L’équipe d’Extérieur Nuit a eu l’occasion de trainer ses guêtres à l’Étrange Festival, qui s’est tenu du 6 au 16 septembre au Forum des images à Paris (site officiel). Retour sur les films vus.
A Fantastic Fear of Everything met Simon Pegg en scène en écrivain complètement paranoïaque et terrorisé par ses propres lectures. Fasciné par les tueurs de l’époque victorienne, il est également persuadé de les voir sous son lit. Mais il a écrit un livre qui intéresse un éditeur. Après mûre réflexion (est-ce un serial killer ou non ?), il décide de s’y rendre mais doit d’abord passer à la laverie histoire d’avoir l’air propre. Et ça c’est un autre challenge pour le bonhomme. Crispian Mills et Chris Hopewell mise tout sur leur acteur principal, ce qui à la fois une bonne et une mauvaise idée. Une bonne dans la première partie notamment où le personnage enfermé dans son appartement déraille complètement et nous fait vivre des scènes mythiques entre burlesque et pure drôlerie. Mais la deuxième partie du film est beaucoup plus trainante et le talent de Pegg ne parvient pas à sauver ce qui n’est pas très bien écrit à la base. Reste quelques idées visuelles plutôt intéressantes de la part du duo de réalisateurs comme l’histoire du hérisson façon stop-motion.
Dans un format 70 mm sublime, Samsara de Ron Fricke offre, comme l’opus précédent Baraka, à découvrir le monde d’une autre façon. Mouvement de caméra précis et choix de l’angle parfait, le film est une véritable fenêtre ouverte sur le monde, à la fois sur ses splendeurs et ses horreurs. Sans paroles, Samsara offre pourtant une narration assez claire voir simpliste. Il nous explique en quelque sorte le concept tibétain du Samsara, la roue de la vie et plus précisément son « éternel » recommencement. Mais aussi de quoi est faite la vie humaine. Choc visuel et véritable émotion sont au programme de ce film hypnotique, éblouissant et rare.
S’il sonnait comme le Teeth de 2012, Excision de Richard Bates Jr. s’avère un peu plus intéressant. D’abord par son portrait, entre John Hugues et Gregg Araki, d’une adolescente asociale en pleine découverte de ses hormones, des ses désirs et de sa différence puis par sa description assez maligne de la naissance d’une serial killeuse. Sa montée en puissance, le dérèglement de sa psychée et la prégnance de ses pulsions de mort grandissante sont plutôt intelligemment montrés notamment grâce à des séquences de rêves mi sensuelles, mi perverses. Annalynne McCord laisse tomber ses apparats de poupée made in 90210 pour se fondre dans ce personnage mal dans sa peau auquel on s’attache bien malgré nous.
Perrine Quennesson