Ecrire des romans qui flirtent avec l'Histoire amène, invariablement, à une question brûlante de la part des lecteurs au fil des rencontres, dédicaces, etc.. Cette question est celle qui me plait le plus car dans l'entreprise du roman historique, elle récompense le travail de recherche et d'historien auquel tout auteur qui respecte ses lecteurs se livre afin de narrer des histoires qui, à défaut d'être vraies, se doivent d'être vraisemblables.
Il y a deux ans lors de la parution du Complot des Salines et cette année avec la sortie de la suite des aventures de Pierre Castilhon, Echec au Roy ; nombre de personnes m'ont interrogé sur la réalité des faits qui nourrissent mes intrigues, et pour avoir commis le pêché de jouer avec les zones d'ombres de la grande Histoire pour mieux y glisser les miennes, plus petites, je me repens aujourd'hui en apportant quelques éléments de vraies réponses historiques, notamment sur la figure de mon héros, "Pierre Castilhon, le Commissaire des Lumières et de la Révolution Française".
Etonnerais-je en disant que ce dernier a bien existé ? Sans doute, mais il ne fut pas tel que je le décris ! Le vrai Pierre Castilhon, si l'on en croît le site de l'Assemblée Nationale, fut membre de la Convention et député au Conseil des Anciens.
Né à Cette (Hérault), le 1er janvier 1746, mort à Largentière, le 3 mai 1804. Négociant à Cette, il adopta avec modération les principes de la Révolution, devint maire de sa ville natale et commandant de la garde nationale. Il écrivit (juillet 1790) à l'Assemblée constituante, pour lui dénoncer un complot contre-révolutionnaire : les conjurés devaient pénétrer en France par le pays de Cominges ; ils feraient précéder leur marche d'un manifeste portant « qu'il serait rendu au roi tous les droits que la nation a repris; que la noblesse contribuerait à toutes les charges sans exception; que le clergé serait moins bien traité qu'il ne l'est par les décrets de l'Assemblée nationale; que la dîme serait entièrement abolie ; que les assignats auraient hypothèque sûre », etc. - « Il résulte, ajoutait l'auteur de cette communication, de l'espoir de tant d'avantages, qu'il est bien à craindre que le peuple ne se laisse séduire (Une voix s'élève : Nous les tenons, ces avantages.) Il est d'autant plus urgent de prendre des précautions, que le projet est à la veille d'être exécuté; il est nécessaire d'augmenter nos forces, notre artillerie, d'armer notre garde nationale, de lui fournir des sabres, des fusils et des gibernes; il faudrait que l'Assemblée nationale autorisât notre ville à faire un emprunt de 15,000 livres pour subvenir à l'achat de ces objets. A Cette, le 16 juillet, Signé : Pierre François Castilhon, commandant de la garde nationale. »
L'Assemblée fit alors peu de cas de la communication, et un membre s'écria : « Les 15,000 livres sont le motif de cette dénonciation. » Le 9 septembre 1792, Castilhon fut élu membre de la Convention par le département de l'Hérault, le 9e et dernier, avec 237 voix sur 450 votants. Il dit, lors du procès du roi : « Si je ne consultais que les crimes de Louis et la peine qu'il mérite, je ne balancerais pas à prononcer la mort; mais la crainte de voir ce sang odieux à celui d'un peuple que je chéris, me détermine à voter pour la réclusion et le bannissement à la paix. » Il ne prit que cette fois la parole dans cette Assemblée, accepta, en 1795, une mission pour activer les approvisionnements de la capitale, et passa, le 21 vendémiaire an IV, au Conseil des Anciens, avec 151 voix (232 votants), toujours comme député de l'Hérault. Il y proposa le rejet d'une résolution concernant le paiement des droits de douane, et l'adoption de celle qui avait trait à l'acquittement d'une partie des rentes en numéraire. Il fut un des secrétaires du Conseil. Il en sortit en 1797, et fut nommé inspecteur des contributions. Il mourut sous-préfet de Largentière, dans l'Ardèche.
L'Histoire rétablie, place au roman !