C’est étrange comment les opportunités peuvent s’évanouir après avoir montré leur plus brillant visage. Combien il est alors important de savoir garder le cap afin de saisir par le bon bout ce qui arrive. Cela donne la possibilité au moins de passer à autre chose sans que la lueur d’un moment ne devienne un rêve éternel jamais à portée. Certains le comprennent, d’autres pas. Les histoires ci-dessous sont basées sur des faits réels.
Le conte de fée d’Élisabeth
Élisabeth travaillait dans une association. Ses revenus étaient bien maigres, mais elle avait gardé son dévouement. Peut-être pour avoir un espace social permanent, elle dont les quotidiens étaient durs et les problèmes sociaux récurrents. Mais sa situation ne changeant pas, elle a fini par le faire savoir…et la dévouée Élisabeth, a commencé à se montrer désagréable et parfois peu disposée. La situation faisait jaser, mais personne ne pouvait oublier tout l’engagement dont elle avait toujours su faire montre.
Puis, un jour l’opportunité est tombée. L’ambassade des États-Unis accordaient à l’association deux bourses de voyage d’échange au pays de l’Oncle Sam. Après quelques débats, le bureau de l’association a fini par décider Élisabeth à cause de toute son implication serait l’une des bénéficiaires. Elle a donc obtenu un visa de 12 mois même si le séjour allait être de six mois.
Élisabeth est partie avec quelques personnes d’autres associations de son pays. C’était un rêve incroyable qui se réalisait pour notre Élisabeth. Elle n’avait jamais été à l’Etranger. Elle n’avait même pas imaginé qu’elle en aurait un jour l’occasion de le faire. Et là voilà qui était aux soins du pays de l’Oncle Sam. Elle a visité quelques États. Elle a connu les hôtels trois hôtels de Washington et de New York. Elle a été en limousine. Elle a participé à des réunions avec le Secrétaire d’Etat. Elle a côtoyé ce qui était pour elle la gloire.
A l’approche de la fin de son séjour, elle était encore dans un nuage. Heureusement, son visa n’expirait pas tout de suite. Elle est cependant rentrée avec les autres, avec le projet secret de revenir dès les semaines suivantes.
De retour au pays, Élisabeth était devenue la star du quartier. Elle avait toujours deux mots en Anglais Américain dans ses phrases et avec quelques gadgets ramenés de l’autre côté de la Mer, elle suscitait admiration et louanges. Elle racontait également son retour très prochain au pays de l’Oncle Sam.
Mais voilà, Élisabeth n’avait pas d’argent. Très vite le quotidien l’a rattrapé et elle a recommencé à avoir ses problèmes de loyer, de nourriture…ses démarches pour convaincre connaissances et relations de lui financer un billet d’avion pour les États-Unis n’ont pas marché. Le visa a commencé à aller vers son expiration et Élisabeth n’avait toujours pas de solution….puis, il a vraiment expiré.
La vie Élisabeth n’a pas changé…au contraire, les choses sont devenues encore plus difficiles. Elle a dû déménager pour rejoindre une amie en colocation, puis elle a trouvé un premier boulot de serveur dans un restaurant…et ensuite un autre plus tard. Finalement, elle a essayé la prostitution…la dernière fois que je l’ai rencontré, cela faisait six ans que son visa avait expiré et que le plus vœux métier du monde faisait partie de sa vie. Nous continuons de garder espoir.
Martin et le volontariat international
Martin avait trimé sans succès. Mais il était battant. Donc, il continuait d’évoluer dans des petits contrats avec son ONG. Il sentait que sa chance allait un jour tourner, mais au lieu de tout laisser tomber pour viser trop haut, il avait suivi la voix de la sagesse en continuant à assurer son pain quotidien malgré un salaire dérisoire. Il ne cessait pas de postuler à gauche et à droite, sans même plus retenir les noms des endroits où il laissait ses dossiers.
Puis vint ce jour où un mail lui annonçait qu’il était présélectionné pour un poste de volontariat à l’international…c’était irréaliste, inattendu, incroyable. Mais il a passé avec succès les entretiens et les tests écrits. Il avait bel et bien le poste qui bien plus était en Europe.
Après questions, attentes et angoisses, sa vie a changé du jour au lendemain. Il est parti retrouver son pays d’installation. Il était bien installé, travaillait dans une boite sérieuses et son indemnité bien que modeste était largement au-dessus de celle du fonctionnaire moyen de son pays d’accueil et même de son pays d’origine.
Martin en a profité. Il a beaucoup voyagé, il a profité de ce pays si différent et à bien des égards meilleur. Il a fait un peu la fête, a découvert les merveilleuses filles de l’autre côté. Il a pris beaucoup de photos, et a essayé de jouir à fond de sa vie à l’Etranger. Le contrat était limité à 09 mois, et le temps est vite passé…il n’avait pas d’autres opportunités sous la main.
Le stress, l’angoisse et les questions sont à nouveau revenues. Martin avait loupé quelque chose dans la préparation de son retour. Mais il ne savait pas quoi. La question n’était plus là de toutes les façons…l’ heure de partir arrivait…et elle est arrivée.
Martin est rentré dans son pays. Quelques semaines d’histoires à partager, de gadgets et de bidouilles à répartir, de maigres économies à dépenser, rien ne changeait…Martin a eu beaucoup de mal à redécoller. Il a fini par retrouver une association semblable à celle qu’il avait quitté avant son départ du pays qui lui payait un salaire similaire à celui qu’il avait avant de partir. De son expérience internationale, il n’a que des photos et des souvenirs.
La dernière fois que je l’ai vu, il me racontait avec philosophie comment c’est Dieu qui décide…ce qui bien sûr n’est pas faux…même si bien des fois, nous lui attribuons nos propres décisions et nos propres échecs. Nous essayons aujourd’hui de reconstruire son décollage professionnel.
Le ticket de loterie
Samuel en avait eu un peu marre de la vie au pays. Depuis quelques années et ce après un début heureux, les choses n’allaient pas du tout bien. Tout dégringolait…son âme était devenue amère parce que tout était vraiment difficile. Il a commencé à abandonner sa femme et ses enfants. Il rentrait tard, n’apportait plus de ration alimentaire, buvait, fumait et jouer aux jeux de hasard. Il ne rêvait qu’à une chose, aller en Europe refaire sa vie comme ces amis qui revenaient d’Europe plus riches.
Puis un jour, sur un prêt d’un ami, il a gratté le ticket gagnant à la loterie. 5 millions de FCFA (autour de 10 000 dollars US). Sa femme lui a proposé de relancer ses affaires qui souffraient d’un mal cruel de capitaux et de finir la maisonnette en chantier depuis plus d’une dizaine d’années.
Samuel en a décidé autrement. Il a fait l’option d’investir dans le projet d’aller en Hollande avec la foi de revenir quelques années plus tard beaucoup plus riche. Il a remis presque l’intégralité de son argent entre les mains d’un agent supposé lui fournir le visa et a acheté le billet d’avion avec le reste d’argent. L’agent a disparu et après quelques semaines, Samuel s’est rendu compte qu’il venait de se faire avoir…
Bien sûr, il n’a plus jamais gagné à la loterie. La dernière fois que je l’ai rencontré, c’était 06 ans après la fameuse loterie gagnante. Sa femme se préparait a quitté le foyer tandis que lui-même touchait de manière de plus en plus grave le fond.