Le gisement de Popigaï a été découvert au début des années 1970 dans une zone inhabitée de Sibérie orientale, à 400 km de la première localité, Khantiga, et à 2.000 km au nord de Krasnoïarsk, le chef-lieu de la région.
Guerre froide oblige, le gisement a aussitôt été considéré comme « réserve stratégique » de l’URSS et son existence entourée du plus grand secret.
L’Institut de Géologie et de Minéraux Sobolev à Novossibirsk (Sibérie) a publié cette semaine quelques rares informations concernant cette mine située dans un cratère d’un diamètre d’une centaine de kilomètres formé par la chute d’un astéroïde il y a 35 millions d’années.
Les ondes de choc de l’impact avaient transformé instantanément le graphite du sol sibérien en minuscules diamants dans un rayon d’une dizaine de km autour du point de chute.
Ces diamants « industriels », qui ont généralement un diamètre de 0,5 à 2 millimètres, se présentent sous forme de graines grises, bleues ou jaunes ressemblant à de la poussière, a déclaré à l’AFP Nikolaï Pokhilenko, directeur de l’Institut Sobolev.
Les réserves en carats des diamants du type de Popigaï, très utilisés pour les instruments de forage et des pièces d’aéronautique, sont 110 fois supérieures aux réserves mondiales de diamants, affirment les experts de l’institut.
En outre, les diamants de Popigaï sont deux fois plus résistants que les diamants industriels traditionnels, explique M. Pokhilenko.
« 3.000 ans d’approvisionnement »
Les experts soviétiques savaient que les diamants de Popigaï étaient bien plus résistants que les diamants fabriqués en usine, mais à l’époque, l’URSS « préférait construire des usines de diamants synthétiques et la mine a été laissée en l’état », raconte M. Pokhilenko.
Le gisement de Popigaï fut donc abandonné et oublié pendant près de 30 ans jusqu’à ce qu’en 2009, l’institut Sobolev décide de s’y intéresser à nouveau.
Dans le chaos économique et idéologique qui a suivi le démembrement de l’URSS fin 1991, l’annonce de l’existence de la mine est passée quasi inaperçue.
A ce jour, « les 0,3% du cratère explorés donnent déjà 147 milliards de carats, alors que les réserves mondiales de diamants sont estimées à 5 milliards de carats », souligne le directeur de l’institut Sobolev.
« Au rythme actuel d’utilisation des diamants industriels, les réserves de Popigaï correspondent à 3.000 ans d’approvisionnement » et pourraient entraîner « une révolution industrielle dans le monde », notamment dans la construction des avions et des automobiles, affirme le scientifique.
« Le cratère de Popigaï peut bouleverser la situation sur le marché des diamants. Et il est impossible de dire ce que deviendraient les prix », s’inquiète Guennadi Nikitine, directeur-adjoint de Iakoutnipromalmaz, une entreprise de Iakoutie (Sibérie orientale) spécialisée dans l’industrie du diamant.
Mais l’exploration des réserves de Popigaï pourrait se révéler trop coûteuse, estiment des experts, le gisement étant situé dans une zone de permafrost, éloignée de toute route ou voie de chemin de fer.
« Le gisement est très isolé, situé à près de 200 kilomètres de la côte arctique et à plus de 400 kilomètres de la localité la plus proche », observe Nikolaï Toutchkov, expert à l’Institut Sobolev.
L’exploration de la mine de Popigaï pourrait être associée à celle d’autres gisements de minéraux à proximité, ce qui permettrait de réduire les coûts, relève-t-il cependant.
source : AFP