La campagne promotionnelle du blockbuster français Taken 2 risque de faire monter d’un cran la tension dans une communauté musulmane déjà agitée par la diffusion sur internet de trois minutes en basse résolution de l’Innocence des Musulmans. Le gouvernement et les Cahiers du Cinéma se déclarent préoccupés alors que les premiers appels à manifester apparaissent sur les réseaux sociaux.
L’affiche est presque normale : un dur à cuire, dont le caractère hautement viril est renforcé par le remarquable travail de la maquilleuse, attend une nouvelle vague d’assaillants, un pistolet semi-automatique au poing. Son attitude décontractée facilite l’identification et il est chacun d’entre nous.
L’arrière-plan fait toutefois polémique : selon une partie de la communauté musulmane, la présence des minarets de la Mosquée Bleue d’Istanbul crée l’amalgame entre Islam et films de merde.
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Bien dans leur temps : deux intégristes musulmans rentrent du cinéma en discutant de Human Centipede 2 (image d’archives).
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Lors d’une rare apparition en public à Beyrouth ce lundi, Hassan Nasrallah, le leader du Hezbollah, a violemment dénoncé la production française : « L’Islam est une religion d’amour et de tolérance qui sait vivre avec son temps, » a-t-il ainsi déclaré. « Nous savons parfaitement qu’il s’agit d’images projetées sur un écran, même si elles semblent plus vraies que nature. Nous n’avons pas peur. Cependant, au nom de la tolérance, il existe des limites à ne pas franchir sous peine d’une mort méritée. Quand une affiche de film associe une représentation de notre religion d’amour et de tolérance au nom de Luc Besson [qui a co-écrit le scénario du film, ndlr], ces limites sont franchies. C’est haram. Ce film renvoie les Trois Petits Cochons de Walt Disney dans les oubliettes de la blague potache. »
Chez Europa Corp., la société de production du prodige réalisateur scénariste de Luc Besson, on se défend de toute provocation.
« Notre métier, c’est de rentabiliser le coût d’une production, » explique-t-on au département marketing. « A défaut, on essaie tout de même d’attirer des spectateurs. Nos dernières observations révèlent qu’il faut d’entrée de jeu viser la cible des clients des Super-U de province, qui constituent une part non négligeable de nos ventes de DVD. Or le processus de fabrication d’un film, matériel promotionnel compris, est extrêmement long. Nous n’avons pas eu le temps de photoshopper des Roms sur l’affiche et nous avons dû nous inspirer des études de marché du printemps pour représenter l’atmosphère de menace que nous souhaitions faire ressentir au public français. »
- L’affiche litigieuse. Liam Neeson saura-t-il se défaire de ces deux symboles phalliques ?">
L’affiche litigieuse. Liam Neeson saura-t-il se défaire de ces deux symboles phalliques ?
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Une atmosphère de menace qui crée la rancœur, puisque des messages relayés pour l’essentiel sur les réseaux sociaux appellent d’ores et déjà à manifester contre le film.
Cette influence croissante des Twitter et autres Facebook préoccupe au plus haut point les autorités, qui peinent à s’adapter. Un responsable de la DCRI explique ainsi, sous couvert d’anonymat, que taper à deux doigts sur un clavier nécessite des compétences techniques beaucoup plus pointues que s’habiller en plombier.
Un manque de compétences que ne connaissent pas les salafistes français, qui ont pour la plupart d’entre eux grandi avec les nouvelles technologies. Fouzia et Ludovic B. ont ainsi accepté de témoigner : « Vous savez, si on communique sur Facebook, c’est parce qu’on a un iPhone 4, et que les appels passent moyen. Heureusement le 5 va bientôt sortir. Sur le Coran de la Mecque, si les mecs de l’Apple Store font grève ce jour-là, comment je vais leur coller le djihad au cul ! »
Face à ce bond technologique annoncé qui risque de définitivement distancer les services de police, le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, a pris les devants. Une nouvelle loi antiterorriste sera ainsi présentée en Conseil des ministres à la fin du mois.
Mesure phare du projet, qui attaque de front la menace constituée par les réseaux sociaux : les individus suspectés d’incitation à la violence verront leur Klout fortement dégradé. Dans les cas les plus graves, qui rendent nécessaire une réaction immédiate, le compte @place_beauvau ne s’interdit pas de signaler à Twitter les terroristes présumés comme étant des spammeurs.
« Nous pensons que cela en fera réfléchir plus d’un » a annoncé, triomphant, M. Valls.