Stéphane Germain, auteur du 'Dico Flingueur des Tontons', a vu tout ce que Michel Audiard a écrit pour le cinéma - 104 films - il a lu tout ce qu'il a produit pour l'édition - 10 livres - et rassemblé une iconographie exceptionnelle - plus de 300 affiches.
Le film :
D’Audiard, en réalité, je sais peu de chose. Tout ce qu’il a fait pour le cinéma, on en parle autour de quelques répliques cultes, on cite Jean Gabin pour le porte-parole qu’il fut, et un ou deux titres de films, histoire d’épater la galerie.
Mais une fois le bouquin de Germain refermé, je peux dire que d’Audiard je ne savais rien. Et j’ai tout appris à travers ce bel ouvrage richement illustré, dont le plus grand mérite, en tout cas celui qui m’a permis d’y naviguer avec aisance, est tout simplement de prendre l’individu, film après film, les disséquant sans pédanterie, les analysant avec pertinence.
Car l’auteur ne se prosterne pas béatement devant le saint homme. Il l’observe longuement avant de l’aborder pour lui dire ses quatre vérités. Elles sont le plus souvent agréables de la part d’un admirateur qui avoue en préambule avoir conservé « un minimum de lucidité pour mettre en avant ce qui méritait de l’être, mais sans indulgence aucune pour les productions les plus paresseuses ».
Prenez « Les Morfalous », le dernier film sorti du vivant d’Audiard, auquel Stéphane Germain ne trouve aucune qualité, du scénario à la réalisation, en passant par le jeu des comédiens. Et « les vulgarités plates » signées Audiard couronnent le tout.
Qui aime bien châtie bien, Germain le sait bien. Et de passer alors en revue le sel d’une écriture populaire, maladroite et pataude quand elle rencontre des amours classiques, mais si inspirée, lucide et imagée lorsque le maître aborde des thèmes qui lui sont chers comme la nostalgie, l’amitié, la vieillesse.
« Un singe en hiver » prend ainsi toute sa signification, un film que Verneuil et Audiard devaient contractuellement à Jean Gabin, l’un des grands diseurs du dialoguiste, comme les appelle Stéphane Germain.
Carmet, Blier, Serrault, Ventura ou Belmondo, ils sont tous là, et même les moins connus, oubliés par le temps et la guigne du succès. Je pense à Alfred Adam à qui Audiard faisait dire dans « Le Président » : « C’est toujours les mêmes qu’on cite, pas étonnant qu’ils sont connus ». La démonstration n’est plus à faire .
24.95 €. 288 pages.
En bref
Le film
Des affiches, des photos, des références, des films par dizaines , analysés à travers leurs réalisateurs, comédiens et la voix de Michel Audiard, très franchement on apprend beaucoup sur l'homme et le cinéma en général .