Camille redouble, film de et avec Noémie Lvovsky

Noémie Lvovsky, actrice-réalisatrice de "Camille redouble" nous livre un nouveau (son cinquième opus en tant que réalisatrice) film tendre et sensible sur le temps qui passe, la vie qu’il n’est pas possible de revivre, la nostalgie de l’adolescence et le regret de ne pas avoir assez aimé nos parents.

Des thèmes classiques traités d’une façon poétique, originale, avec humour, beaucoup d’auto-dérision et sans aucun doute une bonne dose d’autoanalyse salvatrice. Camille vient de rompre avec son compagnon, Eric (excellent Samir Guesmi), son amour de lycée dont elle a eu une fille à 17 ans. Au soir d’une Saint Sylvestre particulièrement arrosée, elle tombe en coma éthylique et se retrouve propulsée, à son réveil, dans l’époque de ses 16 ans, mais avec son corps de 40.

Cela ne vous rappelle rien ? Mickey à travers les siècles qui changeait d’époque chaque fois qu’il recevait un coup sur la tête, ou encore François Ier-Fernandel  qui donnait aux personnages de la Cour la date de leur mort puisée dans le Petit Larousse ramené dans ses chausses.

Camille redouble en effet sa vie, et retourne au lycée de banlieue où elle prépare son bac, fait du théâtre qui deviendra son métier avec plus de bas que de hauts, avec une recherche de décors et de costumes d’ « époque » aux couleurs dignes d’Almodovar.  Et c’est terrible pour elle, car elle connait d'avance les malheurs qui vont l’assaillir, elle sait que sa passion pour Eric prendra fin, en particulier à cause de son alcoolisme à elle. Elle essaiera d’éviter cet amour et y échouera, comme elle revivra l’horreur de la mort brutale de sa mère, plaie à jamais restée ouverte. Dans son itinéraire pour revenir à sa vie du temps présent, elle fera de belles rencontres comme ce merveilleux professeur de physique – Denis Podalydès – ou l’horloger qui remet à l’heure moins une seconde les montres et les pendules – Jean-Pierre Léaud. Et, sans vouloir y toucher, elle règle son compte à un certain type d’enseignants, arrogants et insupportables – méconnaissable Mathieu Amalric .

Délicate interprétation aussi de Yolande Moreau et de Michel Villermoz, les parents de Camille …

Un joli film à méditer, minutieusement truffé de détails cocasses et justes, un casting de nouvelles têtes très convaincantes. Un rêve éveillé, un conte à dormir debout … A vous de choisir.