C’est la France qui gagne : avec l’Europe (Airbus), l’Italie (ATR), seule (les Falcon). Le ministčre du Commerce extérieur, le ministčre de l’Economie et des Finances, en parlent d’une seule voix, avec une satisfaction facilement compréhensible : Ťl’aéronautique, principal atout de la France ŕ l’exportation, permet de dégager des excédents importants, qui ont atteint un niveau record en 2010 et 2011ť. A savoir 11% des ventes manufacturičres, dans le cadre d’échanges Ťfortement mondialisésť.
L’analyse qui en est faite par les responsables du commerce extérieur français est d’autant plus intéressante qu’elle repose sur des critčres rarement évoqués par les industriels eux-męmes, cela en mettant en évidence des caractéristiques tout ŕ la fois bien connues mais détaillées sous un angle différent. Ainsi, la direction générale des Douanes et Droits indirects, qui s’exprime trčs rarement en ces matičres, met en évidence ce qu’elle appelle la complexité de la chaîne de l’offre Ťqui voit une dispersion croissante ŕ la fois des sites de production et des fournisseurs de pičces d’équipementť. Mais, curieusement, cette męme direction estime que le secteur aéronautique tend ŕ s’approvisionner de plus en plus dans les pays émergents tandis que Ťle noyau dur européen tend ŕ se renforcer au détriment des Etats-Unisť.
Telle est donc l’image donnée par l’industrie aéronautique, sans doute parce qu’elle obéit ŕ des rčgles et des maničres de faire que l’on retrouve rarement ou jamais dans d’autres secteurs. Au-delŕ de la mondialisation, dans l’acception habituelle du terme, on pense évidemment ŕ l’assemblage d’A320 en Chine, bientôt aux Etats-Unis ou encore ŕ la forte implantation de Dassault Aviation aux Etats-Unis, premier marché de ses jets d’affaires.
Les calculs actualisés récemment font état de surplus annuels importants, 18,1 milliards d’euros en 2010, 19,3 milliards en 2011. Cela sans mentionner une montée en puissance qui se confirme, 42 A320 par mois, un record absolu, l’accroissement des livraisons d’A330 et celle, encore que trčs lente, d’A380, la nouvelle jeunesse d’ATR. Et de rappeler que la France occupe la place enviable de deuxičme exportateur mondial d’aéronautique. La part des livraisons aux Etats-Unis est en recul (11% contre 28% en 2001) parce que l’Asie, dans le męme temps, est passée de 17 ŕ 43%.
L’interprétation de ces belles statistiques demanderait néanmoins ŕ ętre affinée, précisée, explicitée. La direction des Douanes nous confirme, en effet, qu’elle prend en compte la valeur totale des Airbus exportés Ťparce qu’il n’est pas possible de tenir compte de la valeur ajoutée en Franceť. On peut le comprendre mais sans doute conviendrait-il de mieux en souligner le caractčre résolument quadrinational : le Ťsystčmeť Airbus évite soigneusement les doubles sources et duplications mais la France bénéficie évidemment de l’importance statistique prépondérante des chaînes d’assemblage final de Toulouse. De męme qu’ATR, coopération franco-italienne ŕ 50/50, ne compte qu’une seule chaîne, elle aussi installée ŕ Toulouse. Quant aux Falcon, assemblés ŕ Bordeaux, ils sont ŕ 100% français.
Reste le fait que les chiffres aéronautiques du commerce extérieur français sont éloquents. Ce qui mériterait sans doute d’ętre souligné avec davantage de force et de conviction en ces temps de crise et de difficultés économiques omniprésentes. Le poids des statistiques...
Pierre Sparaco - AeroMorning