...j’étais un cadre d’entreprise qui menait sa vie tambour battant en faisant du 8h-21h. Puis un gros problème de santé en 2000 a cassé cet élan : j’ai failli mourir et j’ai dû être hospitalisé longtemps. Quelques mois avant, j’avais découvert la tradition hésychaste, celle des Pères du désert, et trois mots forts résonnaient à mon oreille alors que j’étais sur mon lit d’hôpital : « Assieds-toi, tais-toi, calme-toi. » Exactement ce que je n’étais pas. C’est à partir de là que j’ai fait de la pleine conscience sans le savoir. Ensuite, j’ai découvert un ouvrage de Jon Kabat-Zinn, le pionnier de la pleine conscience aux États-Unis. J’ai pu mettre des concepts sur ce que j’avais lu chez les Pères du désert et sur ce que je vivais personnellement...
Quand je suis devenu prêtre, un changement s’imposait. Je ne pouvais rester l’homme stressé que j’étais. On a un mot, chez les catholiques, qui est l’ascèse et qui signifie, en grec, « l’exercice, l’entraînement, la manière de vivre ». C’est ainsi qu’à Talitha Koum, le mouvement que j’ai créé avec quelques-uns, nous avons comme principe de nous arrêter une fois par jour, par semaine, et par mois, à chaque fois un peu plus longuement. Les Pères du désert affirment qu’il est ainsi possible de calmer nos pensées, d’apaiser nos passions.
Je commence donc ma journée par 5 minutes minimum de méditation de pleine conscience et essaie ensuite de travailler mes cinq sens jusqu’au soir. Toute ma vie en entreprise, on m’a appris à avaler mon repas, à marcher dans la rue pour rejoindre mon but le plus vite possible. Maintenant, au contraire, je m’évertue à goûter les saveurs, à observer ce qui se passe autour de moi et à être pleinement à ce que je fais. Toutes ces démarches sont de la pleine conscience. Avec tous ces petits exercices quotidiens, je sens une transformation : ma prière et ma manière de célébrer la messe ont changé et l’assemblée le ressent.
Patrice Gourrier
Source : La Vie