Les beaux jours semblent tout autant éphémères que les oeuvres d’art. D’un genre particulier, Monumenta est de retour. Après le si gonflé Anish Kapoor et l’horizontalité de Christian Boltanski, l’édition 2012 a invité Daniel Buren à investir le Grand Palais. Surtout connu du grand public pour ses célèbres colonnes du Palais Royal, il relève le défi. Pari risqué pour cet artiste polémique qui choisit de magnifier le monument parisien en déclinant lumières, couleurs, rondeurs.
Résultat : « Excentrique(s) » est une multitude de 380 cercles de plastique colorés pour les 380 000 m3 du Grand Palais. Des ronds bleu, vert, jaune, orange soutenus par 1 500 piliers noirs et blancs. Gaieté et liberté sont au rendez-vous. Si pour certains, la dépression saisonnière guette, Monumenta 2012 est à prescrire. Une ordonnance 4 étoiles haute en couleurs :
- une dose de luminothérapie : mieux qu’un bain de soleil, c’est un feu d’artifice ! Bleu, orange, jaune et vert, le visiteur plonge dans un cocon de couleurs. Et les couleurs se jouent du public. La verrière du Grand Palais change de visage au gré des heures. Les couleurs se mélangent au sol, s’associent, se marient pour mieux disparaître. Un rayon de soleil traverse la verrière et là, le bal des couleurs entre en scène. Tonalités pastel en cas de ciel couvert. Teintes éclatantes lorsque le soleil brille. Autant de nuances qu’on ne saisit qu’à moitié. La Nef se transforme en Palais des merveilles !
- un zeste d’évasion: une forêt enchantée, une clairière imaginaire ? Entre grâce et légèreté, l’imagination est au rendez-vous. Quand certains pensent voir un champ de fleur ou une version pop des « Nymphéas » de Monet, d’autres croient apercevoir des parasols étendus sur une vaste plage. Et si chaque rond était tout simplement la parcelle d’un territoire ? Une vallée enchantée pour une vie utopique ? L’esprit vagabonde !
- un brin de narcissisme : après avoir pénétré ce champ des possibles, une clairière de miroirs se dresse au cœur du monument. Les miroirs reflètent la verrière du Grand Palais quadrillée de bleu. Une sensation de vertige face à ce gigantisme. Un coup d’œil et une auréole se dessine au dessus des têtes : la Nef ou vous, magistralement. Quitte à se demander, qui est la plus belle en ce miroir ?
- un paradis pour photographe : Monumenta 2012 est le temple rêvé pour les photographes amateurs et les aficionados d’Instagram. Les appareils photos crépitent et les iPhones s’échauffent. Chacun y va de son cliché face à l’oeuvre éphémère, la verrière passe par toutes les couleurs et sous tous les angles. Mais après tout, pas besoin de filtres, les yeux en prennent déjà plein la vue. Seules les sensations restent !