Pourquoi il vaut mieux courir vite dans la vie ?

Par Jeuneanecdotique
10 septembre 2012


Lorsque je rentre chez moi en me mouchant dans le pull de ma maman parce qu'un connard qui a tenté de m'écraser m'a hurlé un « CASSE-TOI SALE GROSSE » à la fenêtre de sa voiture, elle me répond toujours : « Si tu cours aussi vite que tu les emmerdes, ils ne te rattraperont jamais ».
Longtemps, j'ai snobé cette phrase, parce que je trouvais que feindre l'indifférence face à la méchanceté était largement plus facile à dire qu'à faire. Je me demandais si c'était possible que dans ce monde, quelqu'un se fasse agresser, insulter ou malmener, sans que ça ne lui fasse rien, sous prétexte que les gens sont bêtes et qu'après tout on s'en fiche d'eux. Je pensais : « On a un cœur, c'est pas possible de ressentir ça ».
Et puis, récemment, j'ai pris conscience qu'elle avait peut-être raison. Qu'il serait temps de me mettre à la course rapide. J'ai vu des gens se faire insulter, ou harceler de méchancetés, sans qu'on en prenne en compte leurs sentiments. J'ai pensé que je n'aimerais pas être à leur place. J'ai pensé que j'étais lâche de ne pas aller les défendre, juste pour dire « mollo, vous parlez à un humain, et non à une merde qui a des jambes». Mais souvent, je voyais ces personnes que je considérais comme des victimes agir avec indifférence envers ce qu'on leur faisait subir. Et j'ai compris. Si on doit essayer d'emmerder le camp adverse, ce n'est pas qu'on s'en fout et qu'on a un cœur de pierre. C'est que dans ce monde, il y a toujours quelqu'un qui nous/les aimera, et on le sait.
Je suis cucul.
Je sais.
Mais je me dis que finalement, on aurait beau me traiter de pouffiasse, de débile mentale, de grosse, qu'importe la raison, qu'importe que j'ai vraiment un gros ventre ou que j'ai vraiment commis un acte limite, je sais qu'il y a certaines personnes immuables dans ma vie. Qui m'aimeraient même si je me retrouvais en prison pour un braquage de banque. Qui m'aimeraient et me défendraient contre quiconque ose m'insulter.
Alors, en fait, à moins d'être complètement seul au monde, je comprends maintenant ce qu'elle voulait me dire. Elle voulait dire qu'on s'en fout, parce qu'ils oublient maximum deux jours plus tard le mal qu'ils ont pu nous faire, alors autant s'imbiber d'huile tout de suite histoire que ça nous glisse dessus. Les gens indifférents, finalement, sont assez doués. Ils ne laissent pas des choses passagères les grignoter de l'intérieur, aussi violentes soient-elles, parce qu'ils ont forcément de plus belles choses à penser.
La preuve est bien que ce ne sont pas les gens qui vous aiment qui vous infligent cela. Ils vous connaissent, ils savent qui vous êtes, ils savent de quelle manière vous réfléchissez, et ils savent que vous êtes quelqu'un de bien.
Glissons comme des canards sur tout étranger pouvant nous faire du mal. Nos journées seront plus belles.
J'aimerais terminer sur une phrase de la série « Malcolm » qui m'a fait tiquer : « Ne sois pas méchant petit, les grandes personnes s'en chargent ». C'est bien sûr dit avec un sourire forcé et dans un contexte humoristique, mais j'ai trouvé que ces quelques mots que l'acteur a dû apprendre par cœur était le reflet exact de la société. Les petits se tirent peut-être mutuellement les cheveux, mais les adultes, dans leur discours hypocrite de maturité, arrivent à manier l'agressivité avec autant d'acharnement qu'un groupe de gosses qui n'aurait pas la notion du bien et du mal. J'étais en train de le regarder avec la petite fille que je garde, et secrètement, j'ai espéré qu'elle n'ait pas compris la portée de ces mots. Il faudra qu'elle ait un jour envie de grandir, avec tout ce que ça inclut de mauvais...
Demain, je commence le footing. Dans quelques temps, pour mon bien, je serai capable de courir vite. On ne me verra même plus, si ça se trouve. Et ce sera peut-être mieux comme ça.