Pourquoi je suis bizarre au volant ?

Par Jeuneanecdotique
12 septembre 2012


Il faut savoir que durant ma formation en auto-école, j'ai toujours été extrêmement calme. Je suis comme ça, moi. Très zen. Enfin, en apparence. Au fond de moi, sous mon stoïcisme, se terrent des milliers de petits bonhommes en colère qui tentent de faire exploser au grand jour mes émotions. Ne vous faites pas de souci pour moi, ils sont bien dressés et me poussent rarement à bout. Ils continuent d'essayer, mais ils échouent. Je pense qu'ils espèrent inconsciemment qu'un jour je craque et que je m'énerve fort sur quelqu'un. D'ailleurs, ça arrivera, et ce jour-là quelque chose me dit qu'ils se féliciteront à coups de tapes dans le dos d'avoir réussi leur mission.
Pour en revenir au sujet, parce que comme d'habitude je m'étale, pourquoi donc suis-je bizarre au volant ?

1) Comme je vous l'ait dit, face aux moniteurs parfois insupportables que j'ai eu, et aux conducteurs nuls à chier que j'ai croisé sur la route durant mes heures de conduite, je suis toujours restée calme. Je laissais parfois échapper un gentil « il aurait pu mettre son clignotant quand même », mais c'était mon maximum, et pour certains moniteurs c'était déjà trop. Ils ne seraient pas déçus, aujourd'hui. A être restée trop calme, donéravant que je n'ai plus aucune bonne impression à faire sur mes enseignants, je me lâche. Parfois, j'ai honte (mais honte...) Seulement, je n'arrive pas à me retenir. Dans ma voiture, je suis comme un loup-garou sous une lune pleine ; je ne maîtrise pas ma transformation. En plus d'être un peu nerveuse et odieuse, je parle toute seule. Mais on va dire que je l'assume, non ?
Petit florilège : « Oh mais putain de merde c'est pas possible ça, tu vas avancer tes fesses ou quoi ? », « ALLOOOO, c'est vert làààà ! », « Les clignotants c'est pour les castors ??? », « Hé ho mamie, on est sur l'autoroute, pas dans une zone 30 », «Oh mais elle est pas bien cette folle à me couper la route comme ça ! », « Tu mériterais que je t'écrase, toi », « Bon, allez, j'aime les chiens, donc toi et ton labrador je vous laisse passer », « Ha, ha, je RIS, je me gausse de ta médiocrité espèce de sale caca qui me dépasse à toute vitesse en franchissant une ligne blanche ! »  « Oh mon dieu, faites qu'il se fasse flasher cet anti-code de la route ! »... Et encore, je vous épargne les plus vulgaires.
Alors, voilà : au volant, je parle toute seule, et en plus je suis méchante. Fort heureusement, je ne le fais que pour me soulager, et ça marche tellement bien que trois secondes plus tard, au lieu de ruminer, j'ai déjà oublié ma colère. Je ne me permettrais jamais d'être ouvertement vulgaire avec quelqu'un, de lui faire des appels de phares comme pour dire « j'arrive, pousse-toi », et bien sûr, je suis courtoise dans ma conduite.


2) J'ai toujours peur, dans un carrefour, que quelqu'un déboule à 200km/h, me percute, et me tue. Je sais, c'est con. Ils ont beau avoir des feux et des stops, je ne peux pas passer un carrefour la conscience tranquille. Il faut absolument que je m'imagine sur un brancard.

3) J'ai peur de caler à chaque démarrage. Quand je suis en côte, je pourrais remplir des bouteilles d'eau entières avec les gouttes de sueur de mon angoisse.

4) Je respecte les limitations de vitesse. Même lorsque quelqu'un me colle au cul, je regarde dans le rétroviseur intérieur, je fais un sourire, et je reste à la bonne vitesse. Cela en énerve plus d'un. Si je le classe dans mes bizarreries, c'est que j'ai l'impression d'être une des rares à le faire. La dernière fois, dans une zone 30, un mec a fait un contresens et du slalom entre les terres-pleins pour me dépasser. Tellement j'étais choquée que j'avais la tête de la nana qui vient de voir le fantôme de sa grand-mère dans un couloir. Je ne faisais que respecter le code, et au  moins, si un flic qui s'ennuyait avait été dans les parages, il n'aurait eu aucune raison de venir m'enlever mon permis et me pousser au suicide. Cela a coûté trop cher à mes parents pour que je fasse de la merde sur la route et que je perde mes points débilement...

5) J'ai mon permis depuis avril 2012 et je ne sais toujours pas comment utiliser une pompe à essence... Je demande à ma mère de le faire, voilà, je l'avoue. Voilà voilà, c'est bon quoi, stop, c'est pas bien de se moquer ! Je suis un gros bébé joufflu qui a peur de se gourer et de s'humilier en public, ça ARRIVE.

6) Lorsque je suis au Drive du Mcdo, je suis tellement pas habituée à passer les commandes que je bégaie. J'oublie le nom des menus, l'ordre des mots dans ma phrase, je fais n'importe quoi. Je n'y peux rien, après dix-neuf ans à juste écouter mes proches prendre ma commande, je suis complètement perdue (et lorsque je réponds que je vais payer en « liquide » et que je vois la mine amusée de la caissière, je me dis que je suis bonne à tuer) (oui, on dit « espèces » monsieur ! « Liquide », c'est pour la mafia).

7) Parfois, j'ai des gros bugs. Je cherche, la main dans le vide, le levier du frein à main et je dis « mais il est où, punaise ? » et puis je me rends compte que ce que je cherchais vraiment, c'était le levier de vitesse pour passer la troisième. Je suis dangereuse.

8) Je choisis de couper un rond-point ou non selon le comportement de la voiture derrière moi. Généralement, je devine plutôt bien si c'est le genre à me barrer la route en me klaxonnant sous prétexte que j'ai pris le rond-point comme l'exige le code, et je m'adapte. Il faut cette petite touche d'intuition féminine pour éviter les effusions de haine sur la route !

9) Je me gare très mal, toujours en marche avant, parce que je n'arrive jamais à être droite dans une place. Qu'on ne se demande pas comment j'ai eu le permis, c'est tout simple : lors des manœuvres, j'ai extrêmement (dans le genre vraiment extrême) pris mon temps, et j'ai effectué des rectifications pendant cinq bonnes minutes, histoire que ça soit un minimum potable, jusqu'à ce que l'inspecteur me dise "bah, c'est peut-être bon là..." Et j'ai eu mes points... Allez savoir.

10)  Je m'arrête à l'orange. OUI, OUI. J'ai l'air d'un extra-terrestre, mais quand je vois le nombre de points que l'on peut me sucrer pour cela, je me dis que le choix entre perdre mon permis ou perdre deux minutes de ma vie est très vite fait. Et puis d'ailleurs, quand je passe à l'orange parce que j'avais pas le choix (voiture qui te colle au cul/ musique de films d'horreur quand ça passe à l'orange alors que t'es déjà en train de le franchir/flemme de mettre un gros coup frein = barrez les mentions inutiles), je flippe pendant un mois entier de me recevoir une amende. Comment ça, je suis paranoïaque ?

11) Je laisse passer tous les animaux qui attendent au passage piéton (on ne rigole pas, ça existe), même les pigeons. Chacun mérite de vivre et de pouvoir traverser. Non, mais, oh.


On me dira sans doute que ce ne sont pas des bizarreries. Il n'empêche qu'à cause de tous ces petits détails, j'ai parfois l'impression que le "A" collé derrière ma voiture signifie davantage "Abrutie" que "Apprentie". C'est vrai quoi, je suis plus nerveuse qu'un drogué en manque, je hurle toute seule dans ma voiture, je m'arrête pour laisser passer des pigeons, je ne sais même pas prendre une commande au Drive, j'ai conscience d'une manière exagérée que je risque ma vie et mon avenir dès que je m'engage sur ces routes de fous, je respecte le code quitte à me prendre des doigts d'honneurs, des insultes et des coups de klaxons (parfois même par des jeunes conducteurs... la logique de la vie), et je sais toujours pas utiliser une pompe à essence car j'ai peur de me gourrer et de retarder les gens qui attendent derrière. Ou alors, je suis tout simplement normale... Ou alors, on s'en fout ?


Vos petites manies au volant ?