Un pavé dans la mare ! Véronique Genest a franchi le Rubicon en révélant son « islamophobie » dans l’émission de Jean-Marc Morandini. Bashée sur Twitter, taclée dans la presse, celle-ci est sommée de réviser ses propos et de s’expliquer ! Le bon Peuple ne l’a pas écouté et la vindicte populaire l’a jugée : la comédienne est désormais une sinistre raciste !
Pourtant, n’en déplaise à cette majorité virtuelle, Véronique Genest a maladroitement livré sa part de vérité et, tenté d’expliquer tout haut, les dangers qui guettent la société française d’une cruelle désinformation.
Mme. La Commissaire est victime du même procès fait à Frédéric Mitterrand à qui l’on a reproché sa mauvaise vie passée. On met au jour un bout de citation, on l’interprète selon sa propre humeur du moment, on l’estime incompatible avec sa vision personnelle et on juge la personne sans même écouter son explication de texte.
Sur NRJ 12, Véronique Genest dit que : « Si l’on considère qu’une phobie représente quelque chose qui effraie, alors je fais mon coming-out ici en affirmant que oui, je suis islamophobe ». Elle ajoute juste après « Je suis phobique de l’Islam parce c’est une religion que je ne connais pas ».
Interrogée mardi matin sur I-Télé, elle réitère ses propos et complète par « Comment ne pas être effrayée lorsque chaque jour nous sommes abreuvés d’images d’une violence inouïe ? », « Cette vision de gens extrémistes qui cherchent à imposer leur foi aux autres ». La journaliste lui précise très justement que « Tous les musulmans ne sont pas des extrémistes ou des fondamentalistes ». La comédienne réplique « Oui, mais ce n’est pas ce que l’on montre aux français » !
Le mot « islamophobe » retenu contre Véronique Genest a bien été prononcé, mais il a été mal interprété par cette dernière. Le dictionnaire nous informe que l’islamophobie signifie une « forme particulière de racisme dirigée contre l’Islam et les musulmans ». La phobie quand à elle, signifie bien une « crainte excessive, maladive et irraisonnée ».
Lorsqu’elle exprime cette peur –comme celle exprimée par beaucoup d’autres français- elle la base sur une méconnaissance profonde de l’Islam et une avalanche permanente d’images de violence, d’intolérance et de fanatisme religieux. Cette défiance vis-à-vis de l’Islam est à mettre en parallèle à celle vécue par les juifs en d’autres temps où l’antisémitisme se fondait sur la représentation d’individus au nez crochu, qui sentaient mauvais et n’étaient attirés que par l’argent !
Si les « fous de Dieu » existent bel et bien, les français doivent savoir que ces derniers ne sont pas que musulmans ! Si nos medias prenaient autant de temps à diffuser des documentaires sur ce que les Haredim (juifs ultra-orthodoxes) en Israël et autres Chrétiens fondamentalistes aux Etats-Unis (NDLR : voir le documentaire « A la droite de Dieu ») imposent à leur pairs, nos compatriotes ne seraient plus seulement « islamophobes » mais tout autant « judéophobes » et « christianophobes » !
Il est utile de préciser que le film « L’innocence des musulmans » qui a enflammé le monde arabe, est avant tout un film détourné par un fondamentaliste chrétien-copte et non juif comme annoncé au départ. Rien ne justifie les violences et les meurtres consécutifs à la diffusion de ce dernier. Une chose est certaine : rien ne justifie non plus que l’on caricature une croyance différente pour justifier le bien fondé de la sienne !
Les français doivent par ailleurs grandir quelque peu. Chacun dispose aujourd’hui d’outils permettant de s’informer, de chercher et de répondre aux questions que l’on se pose. Cela nécessite une volonté personnelle et l’envie de se forger une opinion juste et équitable. La curiosité n’est pas toujours un vilain défaut ! Je doute que dans les pays où le fanatisme religieux s’abat chaque jour, les populations disposent d’une information suffisante permettant de le combattre efficacement !
Véronique Genest a peut-être fauté, mais à mes yeux elle demeure moins coupable que tous ceux qui ont instrumentalisé ses propos, refusé d’écouter ses explications et qui l’ont exécuté sur l’autel d’un climat délétère, malsain et entretenu.
Cette énième polémique me conforte dans l’idée que pour assurer la stabilité de notre société, rien ne vaut que d’encenser sa diversité et défendre, coûte que coûte, notre Laïcité chérie…et bénie !
A la manière de Jean Giono : « L’innocence est toujours impossible à démontrer ».