Lundi 3 Septembre. Une date importante puisque c’est ce jour que j’ai fait mon tout premier interview et pour une première j’ai été gâtée.
C’est avec deux autres blogueurs, Stéphanie de Cupcake, Baston et Talons Hauts et Bruno de Yozone que j’ai rencontré le grand Frank Langella et Jake Schreier. Je remercie énormément Bruno qui nous a dépanné avec son enregistrement suite à des problèmes techniques avec notre matériel.
Si le stress était bien entendu au rendez-vous à quelques minutes du moment fatidique, une fois qu’on se retrouve face à eux, on se sent bien. Tellement bien qu’on aurait aimé poursuivre la conversation, avoir plus que 20 minutes, car il se dégage vraiment une impression de bien-être avec eux et on la retrouve aussi durant le film.
Trêve de bavardage ! Passons donc aux choses sérieuses avec l’interview de Jake Schreier et Frank Langella.
Robot and Frank – Sortie le 19 Septembre.
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Synopsis : Frank est un ancien cambrioleur, retraité atrabilaire et kleptomane, qui s’ennuie ferme et passe le plus clair de son temps à dévaliser les boutiques de souvenirs. Ses enfants, inquiets de ses pertes de mémoire, lui achètent un robot humanoïde supérieurement intelligent, programmé pour veiller sur lui et améliorer sa santé mentale.
Ce n’est pas du goût de Frank de se faire materner par un tas de ferraille… Mais lorsque la librairie du coin est menacée de disparaître, il entrevoit l’occasion de la sauver en complotant, avec l’aide du Robot, ce qui pourrait bien être son tout dernier casse…
- Jake, Robot and Frank est votre premier film. Comment êtes-vous arrivé sur le projet ?
Jake Schreier : L’idée vient en faut du scénariste, Christopher Ford qui est un de mes ami de fac avec qui j’ai travaillé depuis. Nous l’avons développé ensemble, il a été assez gentil de l’écrire pour moi mais l’idée était que je le réaliserai. Avant ça j’ai réalisé des spots publicitaires pendant 8 ans et ma boîte de production a produit le film, c’est leur premier film aussi. Ils ont été gentils de croire en moi et que je pourrai réaliser quelque chose.
Même question pour vous Frank.
Frank Langella : Mon agent représentait un autre acteur qui n’a pas voulu du rôle et il alors demandé aux producteurs et à Jake ce qu’ils pensaient de moi et ils ont dit oui. Il m’a envoyé le scénario, je l’ai lu, j’ai aimé. J’ai téléphoné et demandé à le voir [Jake] avec Christopher Ford. On a discuté pendant 4 heures car ils avaient besoin de comprendre un vieil homme, ce que je suis. Donc je leur ai dit tout ce que je ressentais et ils ont incorporé beaucoup de choses au personnage. L’histoire était là et j’ai dit oui. Puis ça a pris 7 mois de plus pour obtenir l’argent et les autres acteurs.
- Frank, qu’est-ce que vous avez précisément aimé dans le scénario ?
J’ai aimé plus que tout son humanité. Les gens passent leur temps à parler d’un film de science-fiction et de la technologie dans le futur mais ce n’est pas ça. C’est l’histoire sincère d’une famille, une interaction entre 4 êtres humains qui évoluent. Il n’y a pas que mon personnage qui a un robot, celui de Susan Sarandon aussi. Je pense que c’est comme dans La petite boutique des horreurs qui dit à la fin « Attention, attention le monstre va vous attraper ». Ici le film dit la même chose, « Attention, attention, les robots vont venir nous attraper ».
Le film dit du fond du coeur qu’un robot peut être utile mais ce qui reste toujours le plus important ce sont les gens et dans la scène finale quand Frank est avec tous les gens qui tiennent à lui ce n’est pas sentimentale. On vient à penser que quelque chose est arrivé qui a rapproché la famille. Mais je ne pense pas que dans l’esprit de Frank le robot soit son ami, c’est son complice.
Pourtant Frank va le dire que c’est son ami (voir bande annonce à 1:23)…
Oui mais s’il dit ça c’est pour mentir à sa fille. Il ne dit pas « c’est mon ami » parce qu’il l’aime mais il dit « c’est mon ami » parce qu’il a besoin de lui pour voler les riches.
Jake Schreier : Je ne suis pas d’accord sur ce point.
Frank : Il n’est pas d’accord là-dessus, il est un peu sentimental (rires)
Jake : Arrêtes ! Quand tu éteins à la fin tu n’es pas un peu triste ?
Frank : Non.
Jake : Un tout petit peu ? Pas du tout ? (rires)
Frank : Non. Je me disais juste que le film était presque fini… (rires)
- Jake, est-ce que vous avez traité le film plutôt comme de la science-fiction ou une comédie dramatique ?
Je pense qu’on a essayé d’être le plus honnête possible et on le voit. Il y a évidemment des éléments de science-fiction et de « Buddy movies » et c’est ce qui ressort le plus.
Quand on était sur le plateau, c’était comme ça, c’est ce qu’il y a sur la page, on sentait que le scénario marche, on ne sait pas ce que c’est mais quand on le lisait on le comprenait.
J’ai toujours essayé, autant que possible, de tourner le moins de scène possible parce qu’on avait pas le temps (le film a été tourné en seulement 20 jours ! ndlr). Mais pour le dire de façon plus artistique, je laissais Frank jouer avec le robot, avec autant de plans ouverts qu’on pouvait. C’était juste eux. On a pas mal pris Woody Allen comme référence pour ces scènes.
Frank : C’était comme faire un show de Mickey Rooney et Judy Garland. Qu’est-ce que tu veux que je fasse ? Ok je le ferai. Je crois qu’il y a une scène dans le film où le robot et moi sommes sur un toit mais je crois qu’elle a été coupée mais j’ai aimé…
Jake : Non elle y est encore.
Frank : Elle a été tournée rapidement et sans vraiment… Nous n’avions pas d’argent et de temps, personne ne pouvait faire une erreur, il n’y avait pas le temps donc on devait le faire et le faire vite. Certaines fois ça consistait à mettre une caméra à l’arrière d’un van et moi sous la pluie avec le robot, marchant vite. Quelqu’un m’abritait avec un parapluie puis l’enlevait et on faisait la scène : « c’est parti ! C’est parti ! ». J’ai beaucoup aimé ça.
- Durant le tournage, est-ce que vous aviez un partenaire pour remplacer le robot ?
Parfois. Parfois on avait le robot avec une jeune fille à l’intérieur, parfois mon neveu lisait les répliques, parfois Jake, parfois une assistante. Cela dépendait de la taille du plateau, s’il était petit, et s’il faisait trop chaud, où était le fille, si elle avait fait un malaise et était allongée par terre (c’était l’une des principales difficultés, ndlr) on prenait alors quelqu’un d’autre. Peu importe comment, on faisait toujours ce que Jake disait.
Ma philosophie quand je travaille c’est que peu importe ce qui se passe avant « Action ». Ce qui compte c’est ce que se passe à « Action ». Donc peu importe ce que je ressentais, si j’étais énervé ou impatient, que je ne voulais pas faire quelque chose, le moment où « Action » retentit, je suis honnête. Entre « Action » et « Coupez » je suis totalement concentré.
Les 3 autres acteurs ont des façons complétement différentes de travailler mais aucun n’a jamais fait moins que le meilleur quand Jake disait « Action ». Et même quand il oubliait de dire « action » (rires)
- Comment Peter Sargaard a t-il travaillé ? Était-il sur le plateau ?
Jake : Non, non. Il n’était pas impliqué et on ne savait pas qu’il ferait partie du film avant qu’il ne soit terminé. On a tout fait en 8 heures, toutes les répliques du robot ont été imprimées. Il a vu le film mais pas en tournage, il a juste lu la liste des phrases et c’était la meilleure façon d’obtenir la même consistance sur chaque ligne. Il n’y a pas besoin de grand chose pour avoir l’impression que Frank et le robot interagissent. L’humanité vient de Frank et de la voix de Peter mais le robot n’a pas besoin d’en faire plus que de dire les répliques aussi simplement qu’il le peut.
Frank : Peter est le point de vue parfait, avec l’aide de Jake, parce qu’on a eu beaucoup de gens qui ont lu les répliques du robot et même à un moment je voulais que mon neveu le fasse car il a une voix douce mais la voix de Peter a un timbre et une finesse qui équilibre la mienne. Donc je pense qu’il était le choix parfait… Il faudrait que je le rencontre un jour.
- Pourquoi avoir gardé le prénom de Frank ?
Jake : L’idée de base vient d’un film fait à la fac par Christopher Ford lors de sa thèse et ça s’appelait Robot and Frank et on a jamais pensé à changer le titre quand Frank Langella a rejoint le projet. Ça ne le gênait pas, nous lui avons demandé.
Frank : Il m’a demandé si je voulais changer de nom (rires). J’ai dit non.
- Le film parle de la digitalisation des livres, des robots mais est-ce un film nostalgique ou qui parle du futur ?
Jake : On nous pose souvent des questions sur le potentiel du film. Pour moi il n’en a pas. Oui c’est un film nostalgique parce c’est une grosse partie du personnage de Frank. Il y a un équilibre avec le personnage de Jake (joué par Jeremy Strong) qui est une version assez ennuyeuse du futur, mais il y a aussi Jennifer (jouée par Susan Sarandon) qui communique très bien avec son robot et trouve une balance entre le nouveau et l’ancien et à la fin on imagine que Frank aussi, avec sa famille et son ami ou complice de robot.
Pour moi le film ne se positionne pas plus d’un côté par rapport à un autre.
- Est-ce que vous pensez que les robots peuvent être une meilleure solution pour les gens souffrant de Alzheimer ? Car on voit que la fille de Frank (jouée par Liv Tyler) a du mal à le gérer.
Jake : Ils en utilisent déjà pour s’occuper des personnes âgées. Mais la question n’est pas de savoir est-ce qu’un robot serait mieux qu’une personne mais est-ce qu’il ne vaut pas mieux un robot que rien.
Malheureusement Frank Langella nous quitte à ce moment pour un rendez-vous plus important. Nous restons donc encore quelques minutes avec Jake Schreier.
- Les souvenirs sont aussi le centre de l’histoire. Est-ce que vous pouvez en dire un peu plus ?
Les souvenirs ont toujours fait partie du scénario original mais ça n’est devenu vraiment intéressant qu’après pour faire l’équilibre entre la mémoire de Frank qui est pour lui la chose la plus importante au monde et la mémoire du robot. C’est devenu un élément de l’histoire car c’est difficile pour Frank, il ne comprend pas que le robot n’attache pas d’importance à sa mémoire car c’est fondamental pour lui. Ce n’est pas vraiment traité ouvertement, c’est plus profond mais il est pas mal question de comment la mémoire fait de nous ce que nous sommes.
- C’était important que le robot est un défaut, il laisse Frank voler. Pourquoi ?
De la même façon que nos téléphones ne fonctionnent pas bien souvent, comme la technologie dans le futur ne va pas marcher parfaitement. Ils n’avaient pas imaginé qu’un robot serait utilisé à cette fin. Il y a une logique à ça. Le robot voit que Frank va beaucoup mieux, il voit qu’il n’y a que ça qui l’intéresse, il ne veut pas jardiner ou faire du sport. Tant qu’il voit que le risque n’est pas grand, il l’autorise à poursuivre.
- Le design du robot a t-il été le même depuis le début ? C’est assez rétro.
Oui c’est basé sur les robots actuels qu’ils construisent au Japon, ils ressemblent un peu à des hommes de l’espace. C’était très important pour nous qu’il n’ait pas de visage, c’est vraiment la performance de Frank qui nous indique l’émotion du robot à ressentir. Pour nous, moins on en faisait mieux c’était, nous laissons le public mettre sa propre idée sur le sentiment à ressentir.
- Comme c’était votre premier film, quel était votre plus grand défi ?
Je ne referais pas forcément un film avec un robot et une fille à l’intérieur car il faisait très chaud et on a du lui enlever le casque entre chaque prise juste pour qu’elle ne s’évanouisse pas. C’était déjà dur de faire un film en 20 jours mais avoir en plus à gérer ce genre de personnage dans un costume c’est trop dur. Donc ça et le tournage de 20 jours ça a été compliqué.
Donc fini les films avec un robot ?
Peut-être pas avec un vrai robot mais avec le costume oui c’est fini. Tout film avec des animaux, des enfants, c’est difficile.
- Est-ce qu’il y a plusieurs costumes pour le robot ?
Juste un. Il y a plusieurs pièces, c’était aussi fabriqué de façon à ce que sur certaines cènes il n’y a personne à l’intérieur.
- Vous avez une scène préférée ?
Une scène préférée… Vers la fin quand Hunter visite Frank et il est dans sa chambre. On n’avait pas assez de lumière mais quand Frank s’est assis sur le lit, il y avait cette belle silhouette. On a essayé de faire le film avec de longues prises et des grands plans mais cette scène n’était pas prévue comme ça. C’était l’une des dernières choses qu’on a filmé dans les derniers jours. Tout a marché tout de suite en 15mn, c’était un moment magique.
- Quelles sont vos prochains projets ?
J’aimerais pouvoir vous le dire (rires). J’aimerais le savoir. Je travaille sur plusieurs choses mais il n’y a rien de concret où je peux dire : c’est que je ferai après.
C’est sur ces bonnes paroles que l’interview se termine. Un grand merci à Jake Schreier et Frank Langella pour leur disponibilité et leur gentillesse. Un grand merci à EuropaCorp qui a organisé cette belle rencontre qui nous rend encore plus « amoureux » de Robot and Frank. La feel good sensation ne nous quitte désormais plus.
Sortie de Robot and Frank demain, mercredi 19 Septembre !
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