Lettre ouverte à Monseigneur Philippe Barbarin, Archevêque de Lyon
Monsieur, Monsieur, oui. Non pas Monseigneur ou monsieur l'Archevêque.
Je m'exclus de votre Eglise. Pourtant, ancien enfant de chœur, la religion catholique a accompagné mon enfance. M'a éduqué. M'a aidé dans les moments difficiles de ma jeunesse. J'aurais pu poursuivre ma route sur la voie de la foi. Mais la majorité des hommes d'église se sont éloignés de l'Amour, de la Tolérance, de la Fraternité qui m'avaient été enseignées. J'ai dû chercher et trouver l'Amour, la Tolérance et la Fraternité ailleurs. Comme beaucoup d'autres personnes, si j'en juge par le vide de vos églises. Aujourd'hui, Monsieur, je ne me sens plus lié à votre église. Vos excès, votre violence à l'égard de ceux qui ne partagent pas votre vision de l'Homme, votre grossièreté, parfois, sous couvert de votre soutane immaculée. Je suis homosexuel. Oui. Ni incestueux, ni pédophile, ni polygame. Ne vous en déplaise. Pas plus qu'un homme hétérosexuel, je ne consacre l'intégralité de ma vie de couple avec mon compagnon à copuler. Au-delà de l'acte sexuel - qui, s'il n'est pas fertile, n'en est pas moins un acte de fusion nécessaire dans toute relation intime - vous semblez ignorer et mépriser l'attachement profond, sincère, désintéressé que peuvent se porter deux hommes ou deux femmes. Un homme qui, comme vous, n'a jamais connu ce don absolu fait à son conjoint, cet amour inconditionnel que deux êtres qui marchent dans la même direction se portent, ignore évidemment qu'au-delà de la question sexuelle, il existe une spiritualité qui dépasse la simple génitalité de la relation. Un homme qui, comme vous, n'a jamais connu le bonheur du don de soi à un autre être humain, devrait se garder de juger quelque chose qu'il ignore. De mon point de vue, Monsieur, votre mode de vie est égoïste. Chimérique, peut-être. Mais je sais que le rêve est nécessaire à l'Homme. Votre mode d'expression, Monsieur, fait honte à tous ceux qui ont été baptisés et recherchent dans la parole de Dieu un secours et une réponse. Je ne peux pas m'empêcher de penser aujourd'hui que, sans doute, si Dieu existe, il déteste l'intolérance qui est devenu votre prêche. Je ne crois pas qu'un homme ait donné sa vie sur la Croix pour mener jusqu'à vous. En conclusion, Monsieur, je vous demande de vous préoccuper de votre Eglise, malmenée par la désertion, le scandale et l'archaïsme, et de laisser notre République en dehors de vos insultes.
Je vous prie de croire, Monsieur, à l'expression de ma considération attristée.
Jean-Luc Romero