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C'est l'euro qu'il nous faut...

Publié le 18 septembre 2012 par Edgar @edgarpoe

Ce titre n'est pas de moi, il pourrait être de Jean-Luc Mélenchon.

Allez voir la vidéo, mais vers la 43ème minute de son passage au Grand Jury, il explique qu'il faut l'euro pour "harmoniser les conditions sociales et définir un salaire minimum européen".

Comme je suis gentil, je porte à l'intention de cet orateur brillant une étude de l'observatoire des inégalités sur le salaire minimum européen. Surprise, même en l'absence de l'euro, cet observatoire a pu calculer le salaire minimum des pays non membres, en utilisant des taux de change et la technique des parités de pouvoir d'achat. On sait donc que le salaire minimum en Hongrie est de 280 euros, même si la Hongrie n'a pas adopté l'euro. A peine croyable mais il est donc possible de définir un salaire minimum même entre pays n'ayant pas la même monnaie...

Comme je tiens vraiment à ce que l'information du camarade soit complète, je porte à sa connaissance deux ou trois éléments d'information supplémentaires.

Chez Laurent Pinsolle, un article de Jacques Sapir démonte quatre bienfaits que l'euro était censé nous apporter, chiffres en mains. J'ai raccourci le tout pour rapprocher le bienfait attendu et la réalité :

Premier bienfait de l'euro : "L’euro, c’est la croissance…"

Le fait : "à l’exception du Japon, qui a connu une longue période de stagnation, tous les pays ont fait mieux que la zone Euro".

Dexuième bienfait supposé de l'euro : "L’euro a favorisé l’intégration des pays concernés."

La réalité : "des pays comme la Hongrie, la République Tchèque, la Pologne et la Bulgarie sont plus intégrés [ndlr : commercent plus avec la zone euro] que l’Espagne, le Portugal la France ou la Grèce."

troisième bienfait : "L’euro nous protège du risque de spéculation..."

En vrai : "la spéculation s’est, en réalité, déplacée. Les taux d’intérêts sur les dettes souveraines ont remplacé les taux de change pour les spéculateurs."

Quatrième mythe pro-euro : "Combattre l’euro, c’est faire le jeu du dollar…"

Les faits : "La situation créée par l’établissement de l’Euro s’est donc caractérisée à la fois par la montée en puissance de cette dernière monnaie et par le renforcement du Dollar. Ce sont les « autres monnaies » qui ont fait le frais de la création de l’Euro." L'euro a donc renforcé légèrement le dollar, au détriment du yen et de la livre !

Jacques Sapir a sans doute trouvé l'argument pro-euro du camarade Mélenchon tellement farce qu'il n'a pas daigné s'y pencher. Je m'en suis chargé à sa place plus haut.

D'autres éléments contre l'euro viennent du blog de Jean-Jacques Rosa. Il cite une étude de la Réserve fédérale de Dallas. Deux économistes ont calculé l'écart entre ce qu'ont été les taux d'intérêt des pays de la zone euro et le taux d'intérêt qu'ils auraient eu si leur pays avait suivi la règle de Taylor.

La règle de Taylor définit un taux d'intérêt qui maintient une balance égale entre deux objectifs contradictoires qui sont une inflation faible et une croissance forte.

Le graphique ci-dessous montre, en gris, la fourchette des taux adaptés à chacun des pays membres à un instant donné. On voit ainsi qu'en 2006 il aurait fallu jusqu'à presque 15% de taux d'intérêt pour certains pays, alors que la BCE en offrait 4%. C'est là qu'est né le surendettement de certains états.

On note que sur la période 1999-2007, le taux de la BCE est en revanche adapté pour les pays qui ont besoin de taux faibles : personne n'est en manque de prêts.

A partir de 2007, ça change. De nombreux pays passent sous les taux BCE, c'est à dire qu'ils auraient besoin de taux plus faibles que ceux offerts par la BCE. Mais ça, à défaut d'avoir une banque centrale nationale, leur est interdit.

g1.jpg

Les auteurs ont calculé ce "serpent gris" pour les huit zones américaines pour lesquelles l'INSEE américaine, le BEA, établit des statistiques : la bande grise est bien plus étroite, signe que les USA sont bien plus proches d'une zone monétaire optimale. En moyenne, les huit zones américaines ainsi définies souffrent moins, en termes de taux d'intérêt inadaptés, que les états membres de la zone euro. D'ailleurs, un autre graphique montre une dispersion bien plus faible des taux de chômage aux Etats-Unis, entre les huit zones étudiées, et les états membres de la zone euro.

A mon avis, les manifestants du 30 septembre qui veulent éclairer leur grand leader devraient préparer des pancartes "non à l'euro !". Ce serait plus efficace, contre la stagnation longue qui se prépare, que d'attendre de l'euro qu'il instaure un salaire minimum européen...


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