« Je rappelle qu’en décembre 2013, les citoyens Roumains et Bulgares seront autorisés à travailler et à circuler librement en Europe.»
Alexandra Siarri, adjointe au maire chargée de la lutte contre les nouvelles précarités, ne parle pas encore d’urgence mais pour la mairie de Bordeaux, la question de l’accueil des populations Roms dans l’agglomération doit être rapidement étudiée. Depuis trois ans, la préfecture et les collectivités disposaient d’un outil, la MOUS (Maîtrise d’Oeuvre Urbaine et Sociale), qui avait permis d’établir un diagnostic des différents squats recensés dans la CUB. L’organisme, qui a coûté 300 000 euros depuis sa création, assurait ensuite un suivi et un accompagnement des familles. Mais depuis le 31 août dernier, la MOUS a été arrêtée et rien n’est venu prendre sa suite : « La préfecture va-t-elle poursuivre la MOUS ? Si oui, quels seront ses moyens, ses missions ? Nous avons adressé plusieurs courriers au préfet, nous avons demandé en juillet l’organisation d’une véritable table ronde. Il y a un dialogue, les gens se parlent mais il n’y a pas de décision. Il nous faut des réponses concrètes et rapidement.» Dans l’agglomération bordelaise, les Roms seraient environ 750 dont 80% résideraient sur le territoire de la ville centre : « ça représente un total de 548 personnes, majoritairement des Bulgares, dont 120 à 145 enfants, poursuit Alexandra Siarri. Mais c’est difficile d’avoir un chiffre exact car l’évolution est quotidienne. On estime que les effectifs ont baissé de 10% en un an.» Dans la commune, neuf squats sont recensés, les deux principaux étant situés avenue Thiers (250 personnes) et rue des étrangers (100 personnes).
Des médiateurs sur le terrain
Depuis un an, la mairie a engagé un travail de fond auprès de ces populations. Jérôme Lobao, de l’association Procom, et David Dumeau, de Médecins du Monde, jouent un rôle de médiateur entre les services communaux et les Roms. « Leur travail s’articule autour de deux axes : Ils facilitent l’accès au droit et l’accompagnement en matière de santé. Mais ils interviennent également pour assurer la tranquillité publique. ça permet de relativement pacifier les relations avec les riverains.» L’objectif affiché de cette médiation est la résorption des squats par l’intégration. « On a une idée précise des choses à faire, notamment en matière de sécurité. On connaît la population et quand on connaît, on agit avec discernement. L’accueil des populations pauvres est une vraie question politique au sens noble du terme. Le même problème se posera tôt ou tard avec les gens en difficultés venant d’Espagne, de Grèce ou du Portugal.» La ville de Bordeaux souhaite que la question des Roms, un sujet sensible, soit abordée dans un climat dépassionné et voudrait que l’ensemble des acteurs locaux deviennent parties prenantes : « Il faut que la médiation se fasse à une autre échelle que la seule ville de Bordeaux. C’est l’état qui doit donner la structure de l’action. Mais il faut aussi voir de quelle manière les collectivités et les autres villes de la CUB peuvent s’insérer.» Hier après-midi, la préfecture a annoncé qu’une réunion serait prochainement organisée entre les différents partenaires de la MOUS.•
Olivier Saint Faustin
© photo illustration AFP / miguel medina