Avec son «Late Summer Festival», Bordeaux Rock aura l’insigne honneur de tourner samedi la page de plus de 30 ans de musique au Palais des sports. Avec un programme pas nostalgique pour deux ronds. Au contraire, c’est la fine fleur de la scène pop-rock et electro actuelle qui a rendez vous pour ce chant du cygne du Palais des sports. Même si, comme tête d’affiche, les Buzzcocks – présents pour leur seule date en France ! – peuvent donner à l’événement des petits airs de revival. «Il y a là un double clin d’oeil, détaille Aymeric Monségur, le directeur de l’asso. Aux fondateurs de Bordeaux Rock, activistes du rock bordelais qui ont connu les grandes heures des années 1980-1990, et à ce Palais qui a vu défiler dans ces années-là de grands noms comme les Clash, Iron Maiden ou encore Motörhead. Avec les Buzzcocks, on garde un peu de cette âme de la salle.»
Et puis le mythique combo punk de Manchester a aussi servi de catalyseur pour attirer des formations plus jeunes mais ravies de jouer à leurs côtés – les Mansfield.Tya et Frustration en tête : «Ceux-là font le déplacement exprès, un peu par amitié pour Bordeaux Rock mais aussi et surtout pour cette chance de monter sur la même scène qu’eux», insiste Mathieu Faugier, ex-Hello My Name Is qui a fraîchement rejoint l’association. Il faut dire qu’à 55 printemps bien frappés, les vieux briscards en ont encore dans les jambes et on ne compte plus les live reports dithyrambiques sur leur tournée actuelle. «Au Coachella [l’un des plus gros festivals californiens, ndlr] comme tout récemment à Londres, tout le monde a halluciné sur leur énergie, leur set nerveux, compact, à fond la caisse. Ils ont peut-être un peu grossi mais tout le monde est d’accord : voilà enfin une reformation qui valait le coup !»
Attention les gambettes !
Un vrai “must see”, donc, mais qui ne doit pas éclipser le plateau consistant qui tournera de 18h à 4h sur la scène d’un Palais des sports, dont on a pu, samedi dernier lors de la Palace Electro Party donnée par la Rock School dans le cadre d’Agora, constater qu’il se prête à merveille, à présent débarrassée de ses sièges dans la fosse, aux musiques amplifiées en général et à celles qui se dansent en particulier.
Et ça tombe bien parce qu’on va y danser encore, samedi prochain, c’est certain. Et de plein de manières différentes, comme autant d’artistes alignés : ambiance cool sur l’americana de Robert et Mitchum ; danse désarticulée sur la musique et le show total des Néozélandais d’Orchestra Of Spheres, expérience unique entre psyché rock, afrobeat funk et avant-jazz, dont on ne saurait que trop conseiller le très solide 1er opus, «Nonagenic Now» ; headbanging et frénésie devant nos petits énervés de Kid Bombardos ; sautillements légers sur l’electropop racée du Londonien Michael Lovett, alias NZCA/Lines, l’autre découverte internationale de la soirée ; “l’heure des slows”, ce sera avec les filles de Mansfield.Tya, derrière une Julia à la voix habitée et à la puissance scénique impressionnante. Ensuite, attention les gambettes, «ça partira crescendo», prévient Aymeric Monségur. Après l’incendie Buzzcocks, Frustration déroulera sa cold wave bouillonnante, un electro post-punk redoutable qui fera une parfaite transition pour le live final signé Arnaud Rebotini, l’ex Black Strobe en solo qui monte à toute allure sur la scène parisienne, fort d’un tout récent «Someone Gave Me Religion» bourré de sons analogiques et diablement efficace.
Bref, tout paraît réuni pour une dernière soirée au Palais dont on devrait se souvenir longtemps et qui pourrait préfigurer le fameux gros festival de rentrée que Bordeaux Rock appelle de ses voeux. •
Sébastien Le Jeune
Samedi, 18h-4h, au Palais des sports, 18€ (prévente)-22€. Préventes chez Total Heaven, à la Fnac et via les circuits habituels. www.bordeauxrock.com