L’article intitulé le volontariat, cahier d’un retour au pays natal a suscité beaucoup de réactions hors du blog. Il a été repris par un portail d’informations et j’ai même eu des personnes qui m’ont contacté au niveau professionnel pour rebondir sur la réalité que je décrivais. Une des réactions m’a fait un tic et je pense qu’elle soulève une problématique qui mérite d’être revue.
Voici le commentaire posté alors sur le forum d’un portail : « Le secteur privé n’aime pas trop recruter ceux qui viennent du volontariat, des ONG ou des organismes humanitaires. Ceci est donc une difficulté supplémentaire pour ceux-ci qui retournent au bled. ».
Le commentaire pose la problématique de l’adhésion des profils exerçant dans ce qu’on appelle le SUD (Solidarité, Urgence et Développement) avec le secteur privé entendu, les entreprises. Dans le commentaire, la réponse est que dans les faits, les profils du premier secteur ont peu de chances de migrer dans le second.
C’est en effet une analyse possible. Mais mon expérience m’invite à la prudence quant à cette conclusion. J’ai personnellement travaillé dans les deux secteurs et je nage encore entre mon temps de travail et mon temps libre, à contribuer à faire développer les deux secteurs. J’avoue que ne vois pas véritablement une opposition.
Dans les faits, une expertise est une expertise. Si vous savez faire de la communication au sein d’une ONG et si vous y êtes vraiment efficace, il n’y a aucune raison pour qu’une entreprise vous regarde de haut. Si vous savez réaliser une étude de marché au sein d’une association, vous aurez toujours de la valeur pour une entreprise. Si vous arrivez à faire effectivement de l’administration et des finances au sein d’une organisation chargée de l’urgence et de l’humanitaire, vous avez votre place dans n’importe quelle multinationale. Et si vous aller plus loin, on peut mentionner que certaines structures du SUD sont extrêmement spécialisés, parfois même sur des domaines qui étaient jusque là l’apanage du seul secteur privé, comme l’habitat, l’ingénierie urbaine, etc.
Maintenant, il serait irréaliste de ma part de ne pas reconnaître que plusieurs ont du mal à faire ce déplacement de secteur. Pour certains, la difficulté est si importante qu’elle a été un vrai frein dans la vie.
A mon avis, la difficulté principale est liée à la communication. Le secteur des métiers du SUD est différent du secteur privé classique. Les acteurs des deux secteurs en général se connaissent peu et même quand ils parlent parfois le même langage, ils ne l’utilisent pas de la même manière.
La difficulté, disais-je, vient souvent de ce que les gens d’un secteur veulent aller à l’autre secteur en tenant le discours et les manières du secteur d’où ils viennent…conséquence, ils arrivent à se faire mal comprendre.
Pour être concret, disons que les métiers du SUD sont caractérisés par les valeurs. Tandis que ceux du secteur privé sont caractérisés par les gains. Dans le premier, la culture des objectifs est de mise et les résultats sont un instrument pour les objectifs. Dans le second secteur, c’est un peu le contraire. Les objectifs sont là pour qu’on débouche sur les résultats.
Mais le principe qui met tout cela en mouvement, c’est le génie humain. Si on arrive dans une entreprise en mettant en avant la questions des valeurs et que l’on ne ressort pas clairement une orientation résultats…on court le risque de ne pas faire l’affaire…tandis que si l’on vient dans les structures du SUD sans mettre en avant l’orientation vers les valeurs, on peut passer inaperçu.
Ce n’est donc pas que l’un des secteurs ne veut pas des ressources issues de l’autre. C’est que chaque secteur veut écouter sa musique…à vous de savoir la jouer.