Lorsqu’Ozzy Osbourne parle, on l’écoute ! Surtout quand ce dernier parle médecine. Car il en connait un rayon Ozzy en médecine ! On ne parle pas ici des diplômes que de nombreuses années en fac peuvent délivrer, mais bel et bien d’expériences. Le genre d’expériences qui envoient les gens à l’hôpital, voire six pieds sous terre.
Ozzy, lui, est toujours parmi nous. À 64 ans, il est même plutôt en forme, enfin clean et lucide quant à sa condition de défi vivant lancé à la face de la médecine moderne. Ozzy qui fait partie d’un club très fermé, composé entre autres de Lemmy Kilmister de Motörhead ou de Keith Richards des Rolling Stones. De quoi se souvenir d’un dialogue, tiré de l’excellent film American Trip, qui illustre très bien l’image que s’est forgé Ozzy au fil de ses beuveries et autres overdoses : « Ozzy Osbourne enterrera Miley Cyrus… ».
Attendu depuis longtemps dans l’Hexagone, Dr Ozzy arrive enfin dans toutes les bonnes librairies. Ce sont, comme souvent quand on parle de livres rock, les éditions Camion Blanc, qui se sont chargé de traduire la chose et ont ainsi permis aux fans de se repaitre des anecdotes truculentes du Prince des Ténèbres lui-même.
Composé des nombreuses chroniques parues dans le Sunday Times et dans Rolling Stone, Dr Ozzy revient sur la tumultueuse existence de l’ex-leader de Black Sabbath. Le concept est simple : des fans posent des questions sur des sujets aussi divers et variés que la santé, le sexe, l’alcool, la drogue, la famille ou les effets secondaires inhérents à l’ingestion d’une chauve-souris vivante, et Ozzy répond avec une simplicité et un humour désarmants.
L’éditeur nous prévient : Ozzy Osbourne n’est pas un professionnel de la médecine qualifié. À prendre avec précaution.
Inutile d’enfoncer le clou. Bien sûr que Dr Ozzy ne constitue en aucun cas un véritable ouvrage de médecine. Bien sûr que tout ceci est auréolé d’un bon gros second degré. Est-ce que le bouquin d’Osbourne est alors totalement crétin et dénué de bon sens ? Pas du tout.
Les conseils dispensés par le maître se basent sur son expérience, qui doit être l’une des plus riches et extrêmes du milieu. Il n’invite jamais à l’excès et met en garde ses fans contre l’absorption d’alcool ou de drogue. Pour autant, Ozzy ne renie pas son ton et n’enfile pas brusquement le costard du donneur de leçon. Ses conseils sont avant tout drôles, mais néanmoins pas exempts d’une bonne dose de clairvoyance. Surtout quand on voit certaines questions comme par exemple : « Mon docteur m’a dit que j’avais un taux de cholestérol élevé. Est-ce que ça veut dire que je dois arrêter la cocaïne ? ». Une question à laquelle Ozzy répond en substance : « Putain, une minute là ! (…) Bref, si vous continuez à prendre de la coke, le cholestérol sera bientôt le cadet de vos soucis »
Ozzy qui ne lâche rien et fait profiter ses lecteurs d’une sagesse toute neuve qui, loin de renier son passé trouble, assume et tente d’en tirer le meilleur parti.
Son dernier livre est un véritable régal qui se lit très vite. La principale qualité étant son humour, décomplexé. Le reste, à savoir la pertinence des propos, le côté touchant de certaines anecdotes et l’aspect très informé du bouquin, n’est que du bonus. À elle seule, la verve d’Ozzy vaut le détour. Au travers de ces récits, où il nous conte combien de fois il est tombé dans les pompes suite à l’absorption de toutes sortes de matières suspectes (il est plus facile d’énumérer celles qu’il n’a pas ingérées), Ozzy se dévoile. Il se confronte à sa légende et à son image publique. Comme d’habitude, avec beaucoup de style et de classe. Une classe toute britannique assortie à une irrévérence qui finit de rendre le personnage attachant. Vivement le volume 2 !
@Gilles
Editions Camion Blanc / 2012