Les prémices sont relativement classiques : Waspit, qui n'est pas une banque en soi mais est en réalité adossée à un établissement existant, propose aux étudiants, gratuitement, un compte courant accompagné d'une carte de débit (MasterCard). Comme il est d'usage (surtout aux États-Unis), un programme de fidélité permet de collecter des "Buzz Points" au fil des achats réalisés avec la carte, qui pourront être convertis en cadeaux dans les boutiques favorites de la classe d'âge ciblée (y compris sur Amazon.com).
A ce stade, signalons déjà une première particularité, qui tient néanmoins (à mon avis) du gadget : le client peut choisir un tag NFC de paiement sans contact (à coller, par exemple, sur son téléphone mobile) en lieu et place de la carte en plastique. S'il veut bénéficier des deux moyens de paiement, il lui en coûtera 1$ par mois.
Pour gérer leur compte, les jeunes auront naturellement à leur disposition un site web et une application mobile (pour iPhone et Android), mais également une application Facebook, leur donnant accès à l'ensemble des services bancaires directement depuis la plate-forme de réseau social. Les fonctions proposées comprennent (évidemment ?) des options de paiement P2P (de "pair à pair"), via Facebook et Twitter (entre autres), et de partage de frais entre amis.
Mais là où Waspit brille particulièrement, c'est dans le registre de l'intégration avec les réseaux sociaux, qui ne se limite pas à l'accès aux comptes depuis Facebook, loin de là, et franchit au contraire des frontières inexplorées !
Pour commencer, l'utilisateur peut choisir d'enregistrer automatiquement un check-in sur Facebook et/ou Foursquare lors de ses dépenses avec sa carte (ou avec son tag sans contact). Ensuite, il peut également, toujours sans quitter l'environnement de sa banque, attribuer une note et enregistrer un avis sur les commerçants où il a réalisé ses achats, ou encore poster ses photos, sur Facebook, Twitter, Yelp et/ou Foursquare, pour partager son expérience avec ses amis et relations, sans plus de complication. Cerise sur le gâteau, chacune de ces actions lui permet d'accumuler des "Buzz Points" !
Au final, le site web de Waspit ne ressemble plus vraiment à un espace de service bancaire, avec sa mise en avant du compte de "Buzz Points", sa liste des check-ins, sa visualisation des lieux des transactions réalisées sur un plan (Google Maps) et son fil de messages sur les médias sociaux...
Ainsi, comme quelques autres trublions (Simple, notamment), mais dans un registre totalement différent, Waspit aborde la banque sous un angle radicalement nouveau, essentiellement par une "mise en scène" des achats dans l'environnement social de ses clients. Bien entendu, ce modèle spécifique n'est pas généralisable et le choix de cibler les étudiants avec cette offre se révèle parfaitement logique.
L'idée peut cependant amener à s'interroger sur l'avenir des services financiers, dans la perspective de la "personnalisation de masse" dont les analystes nous affirment qu'elle est la voie de l'avenir dans l'ère post-industrielle. Avant d'atteindre une hypothétique offre configurée pour chaque individu, les solutions devront d'abord être différenciées par grand segment de clientèle. Dans cette optique, les attentes des jeunes sont probablement mieux représentées aujourd'hui par Waspit que par les grandes banques traditionnelles...