Outre la référence au groupe Chicago, par définition le chocolat libère des endorphines, ces mêmes molécules produites lors de manifestations amoureuses. Eh bien tout s’explique, non ? Les chips et sodas sont sur le buffet, la boule à facettes surveille la salle de ses dizaines d’yeux brillants, tout le monde forme de petits groupes en marge de la piste, n’osant se lancer… Violons Boney M au poing, la fête démarre avec le pétillant Break of Dawn. Pur.
14 tracks dont 10 inédites, le deal est plus que correct. Il paraît que quelqu’un aurait apporté des bières, mais chut ! On te préviendra quand on pourra s’éclipser pour en boire une ou deux en cachette. Damn, j’ai de nouveau 14 ans et me voici donc à cette boum, convié quelques jours plus tôt via cette invitation feutre/paillettes. Nostalgie tiens.
Voici venir le paradoxal moment que tout le monde redoute mais attend avec impatience : les slows. Breakbot avait remixé deux titres pour Pacific!, et le groupe le lui rend bien avec le diptyque éponyme By your Side. Partie 2, il faut se bouger maintenant. Les vocales reviennent, nous susurrent qu’elles se sentent bien à nos côtés. Le groove est fidèle, petits effets proprets un peu partout, des percus aux tirs laser.
Ça parle d’amour, de féminité style naïve mais prudente, le genre à attendre l’homme de ses rêves. À l’écoute du disque, c’est vous. Alors soyez poli et bien élevé, vous n’aurez qu’une seule chance. Une belle fille vous croise du regard (j’insiste sur le terme « belle », du genre qui sort du commun de celles que l’on croise par paquets), belle par ce qu’elle dégage involontairement, le genre qui n’a qu’à peine besoin de se maquiller pour plaire, mais qui ne le sait même pas et qui n’en joue finalement pas bien plus. Elle se tient maintenant à vos côtés, nice move !
Et pendant ce temps, la basse se promène d’un bout à l’autre de la track, et plus largement d’un bout à l’autre de l’album. À chaque nouvelle écoute, les mélodies s’ancrent sans forcer dans l’esprit. « Normal » me direz-vous ; oui mais non car ici nous avons affaire à d’efficaces loops au Fender Rhodes, redoutables routines parfaitement illustrées dans Another Dawn, mon coup de cœur. Niveau lyrics, beaucoup de featurings, notamment avec le compagnon de toujours, Irfane, charmant charmeur, et l’énergique Ruckazoid.
Nous sommes bien entendu en plein cliché sentimental du début à la fin, à la différence que dès lors que c’est assumé, on ne trouve rien à redire. Mièvres, les hommes sont à genoux en toute humilité. Irfane a commis l’erreur de perdre son amante (Another Dawn), puis annonce dans A Mile Away que le bonheur n’est plus très loin - il est personnellement dans mes oreilles à son écoute. Pacific! ne prend pas de gants pour déclarer sa flamme et Ruckazoid demande un peu de confiance dans le multi-facettes Why?
Inutile de s’éterniser et paraphraser les nombreux articles sur l’artiste, listant les innombrables références disco/funk : Breakbot les réuni toutes dans son cocktail-shaker et nous sert le nectar frais dans un grand surmonté d’une ombrelle. Le mieux ? Tu peux abusément en consommer et c’est moins cher qu’en boîte de nuit. Tantôt avec, tantôt sans coupure, la tracklist s’enchaîne agréablement, et l’on prend plaisir à redécouvrir les classiques disséminés entre les inédits. Tous les morceaux sont easy listening et exploitables en radio, sans réelles prises de risque. On regrette un peu les délires ‘joyeux lapin’ dont Thibault est capable – Happy Rabbit, son premier EP sorti en 2007 à écouter d’urgence si ce n’est chose faite. L’album passe ainsi tranquillement, sans accrocs. Easy Fraction sort gentiment des sentiers battus en proposant un beat un poil plus électronique.
Putain entre toutes ces déclarations, Breakbot vous ferait presque regretter d’être célibataire ! Comme des envies de débrancher les écouteurs de la jolie fille assise à côté de vous et joindre son Jack sur votre baladeur, la regardant dans les yeux : « C’est bon hein ?… » Enjoy the ride, comme dirait l’autre. Intersection, exemple groovy par excellence, rappelle l’épatant remix de l’artiste pour Air. Mais à présent je me tais, c’est sur ces longs accords violons que tu imagines TA happy end. L’album se clôt comme il s’ouvrit, en douceur avec une petite envie de plus, juste par gourmandise (on savait qu’il n’y serait pas, manque tout de même Shades of Black pour la quinzaine). LP érotique, charnel, teinté d’une mélancolie toute positive.
Comment dire du mal de Breakbot et son carré de chocolat 35% cacao ? Le musicien sensible va puiser dans le démodé pour le soustraire de son préfixe et le remettre au goût du jour, avec son cachet sonore unique. Talons aiguilles, paillettes, parfums frais, robes dorées moulantes, bracelet/colliers chics par dizaines et french manucure. L’album se déguste avec élégance, comme une tablette de chocolat que l’on termine sans même s’en rendre compte. LP ambiance 20/20 à passer sans retenue dans tout contexte de détente. Oh non, le funk rétro n’est pas has been : By your Side le démontre en un sincère tour de force, celui d’avoir trouvé l’impeccable compromis entre in & out. J’espère que la soirée vous a été agréable… En ce qui me concerne elle fut des plus délicieuses.