Si je devais manger les couleurs
j'avalerais d'abord le bleu,
ce boréal incandescent
glaçon qui fondrait sur ma langue
ensuite ce serait le tour
du vert prairial et feuillu,
celui qui couvre la douceur
des coteaux jusqu'à l'infini;
après viendrait le gris
du vent
qui remplirait ma panse d'air
puis le jaune d'oeuf du soleil
qui glisserait dans mon gosier
juste avant le miel un peu roux
et un peu pâle de la lune;
je goberais le rouge, aussi
comme on croque un petit piment
mais ce qui ferait mon régal,
mon suprême contentement
ce serait la crème des nues,
l'irisation
de l'arc-en-ciel !
Patricia Laranco