Je regrette en pleurant les jours mal employez
À suivre une beauté passagère et muable,
Sans m’eslever au ciel et laisser mémorable
Maint haut et digne exemple aux esprits desvoyez.
Toi qui dans ton pur sang nos mesfaits as noyez,
Juge doux, bénin père et sauveur pitoyable,
Las ! Relève, ô Seigneur, un pécheur misérable
Par qui ces vrais soupirs au ciel sont envoyez.
Si ma folle jeunesse a couru mainte année
Les fortunes d’amour, d’espoir abandonnée,
Qu’au port, en doux repos, j’accomplisse mes jours,
Que je meure en moy-mesme, à fin qu’en toy je vive,
Que j’abhorre le monde et que, par ton secours,
La prison soit brisée où mon âme est captive !
Philippe DESPORTES (1546-1606).
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