Genre : Drame
Année : 1983
Durée : 1H48
L’histoire : Sur l’île de Matiora un village du même nom, risque d’être submergé par la mise en eau d’un barrage. L’évacuation du village est organisée par les autorités. Parmi les villageois qui vivent sur l’île depuis longtemps, certains se résignent, d’autres se réjouissent et d’autres résistent.
La critique de Vince12 :
Les Adieux à Matiora réalisé par Elem Klimov en 1981, fait désormais partie des grands classiques du cinéma russe. Le cinéaste avait déjà réalisé beaucoup de courts métrages et de documentaires. Mais il s’était surtout fait remarquer pour son film Raspoutine, l’agonie. En 1981, il se lance alors dans la réalisation d’un nouveau film dramatique.
Attention SPOILERS
En Sibérie sur l’île de Matiora, Le village du même nom mène une vie paisible. Cependant Matiora est appelée à disparaître, les bureaucrates ayant pour projet d’engloutir l’île pour construire une centrale Hydro électrique.
La décision provoque un choc dans la population. La réaction des habitants est encore plus hostile quand on commence à exhumer les cercueils de l’île pour les amener ailleurs.
Nombreux sont alors les villageois qui décident de résister. La plus acharnée est Daria une vieille femme particulièrement attachée à l’île (avec laquelle elle paraît communiquer) et dont le fils n’est autre que Pinéguine le contremaître du chantier.
Ce dernier est dans une position délicate, il doit faire face aux reproches des habitants et à la pression des bureaucrates.
La population semble alors se résigner en majorité, certains se baignent dans le lac pour la dernière fois, d’autres prient en espérant un miracle. Les adieux à l’île et l’exode vers la ville commencent à se faire. Les maisons sont brûlées par la milice des bureaucrates.
A la ville les enfants commencent à s’acclimater, tandis que sur l’île Daria semble attendre son heure et celle de Matiora. Cachée dans l’île, on ne la retrouvera pas.
Plus tard, dans un épais brouillard, Pinéguine et le président Vorontsov, venus en bateau sur l’emplacement de l’île, constatent qu’elle a été engloutie.
Les Adieux à Matiora reste un film véritablement complexe. Elem Klimov signe un véritable chef d’œuvre qui nous parle visiblement de la vie vue au travers de plusieurs générations.
Ainsi, on a la vision d’une jeunesse qui se réjouit de partir vers la cité neuve (la ville moderne), la vision d’une vieillesse nostalgique attachée à sa terre maternelle et puis la vision d’une génération à part tiraillée entre un avenir nouveau et l’amour de ses aînés.
Difficile cependant de dresser une analyse complète de ce film véritablement marquant. Mais Klimov donne à son œuvre une portée à la fois sociale, philosophique et même psychanalytique.
Ainsi, à travers Les Adieux à Matiora, se véhicule un portrait de la Russie sous ses différentes générations.
Le réalisateur a également recours aux symboliques, la plus marquante étant celle de l’arbre de l’île qui résistera aux assauts des tronçonneuses, aux machines et au feu.
Klimov nous symbolise certainement une nature qui résiste à la civilisation de l’être humain.
Autant dire que Les Adieux à Matiora propose plusieurs niveaux de lecture et aborde énormément de thèmes passionnants. Mais une fois encore ce film s’adresse directement aux sens du spectateur et il faut vraiment être concentré pour être réceptif à ce dont Klimov a voulu nous parler réellement.
Pour information un drame aura lieu au cours du tournage. En effet un accident coûta la vie à plusieurs membres de l’équipe et notamment la réalisatrice Larissa Chepitko la femme d’Elem Klimov.
Au niveau de la réalisation on reconnaît clairement le style de Klimov qui est également très influencé par Tarkovski. Le film est véritablement sombre et étrange mais aussi expérimental par certains aspects, à l’image de la scène d’ouverture ou des hommes en capuchons débarquent sur une plage avec des bidons d’essence, le tout dans un climat oppressant et noir.
Les Adieux à Matiora est clairement une œuvre difficilement accessible et ma critique ne fait que refléter mes impressions vis-à-vis de ce film.
Ce Chef d’œuvre mériterait clairement une analyse dans les détails.
Quoiqu’il en soit, le film a acquis le rang de véritable classique du cinéma soviétique. Généralement cité comme le chef d’œuvre absolu d’Elem Klimov (même si à mes yeux c’est oublier Requiem pour un Massacre).
Bref, un film qui ne plaira pas à tout le monde et qui en rebutera plus d’un par son style vraiment sombre et particulier et par sa complexité.
Cependant, les Adieux à Matiora est indéniablement un chef d’œuvre à découvrir.
Note : 18,5/20